Résultats mitigés pour le FN

Premier tour: des résultats biaisés par l’abstention (extrait)

16 MARS 2020 PAR LA RÉDACTION DE MEDIAPART

Les maires RN sortants vainqueurs…

Comme prévu, à Fréjus (Var), plus grosse ville détenue par le RN, David Rachline a été officiellement réélu dès le premier tour avec 50,61 % des voix. La droite, longtemps majoritaire ici, s’était présentée totalement divisée face à lui avec pas moins de cinq listes concurrentes.

Le jeune porte-parole du RN, Julien Sanchez, a aussi été réélu haut la main à Beaucaire (Gard). Le score est accablant pour la liste d’opposition « Unis pour Beaucaire » qui regroupait des sensibilités allant d’EELV à LR et qui se trouve devancée de 34 points ce dimanche.

Fabien Engelmann a été, lui aussi, facilement réélu à Hayange (Moselle) avec 63 % des voix, et ce malgré un mandat marqué par les scandales : la condamnation du maire pour dépenses de campagne irrégulières et sa mise en examen pour non-respect des règles des marchés publics.

À Hénin-Beaumont, Steeve Briois a annoncé sa réélection avec 74 % des voix. Dans cette ville des Hauts-de-France, considérée depuis six ans comme la vitrine du RN municipal, Briois avait déjà remporté le scrutin dès le premier tour en 2014.

Le maire RN de Villers-Cotterêts (Aisne) Franck Briffaut a aussi été réélu avec 53 % des voix ce dimanche. Pour le maire RN de Mantes-la-Ville, la situation paraît plus compliquée. Il ne devance ce dimanche que de quelques voix la liste de gauche.

Ailleurs, le RN est moins conquérant

Le parti d’extrême droite misait dans cette campagne sur la conquête de villes moyennes. Quitte à presque déserter les grandes agglomérations. Le pari semble raté.

Ainsi en Normandie, dans l’agglomération de Rouen, en particulier sur la rive sud de la Seine, la formation d’extrême droite nourrissait l’ambition de contester la domination socialiste.

Mais à Grand-Quevilly, ancien fief du premier ministre Laurent Fabius, la formation d’extrême droite n’est pas parvenue à inquiéter Nicolas Rouly, le candidat PS, élu dès le premier tour. Une grosse désillusion pour le parti de Marine Le Pen qui était arrivé en tête aux dernières élections européennes avec plus de 30 % des suffrages exprimés.

Un peu plus loin, à Elbeuf, la candidate Debout la France, soutenue par le RN, réunit plus de 15 % des voix sur son nom. Alors même que le parti frontiste avait franchi le seuil des 35 % des voix au premier tour du précédent scrutin municipal. À Petit-Quevilly, la liste d’extrême droite perd également dix points par rapport à 2014.

Dans le nord de la Seine-Maritime, après de très gros scores obtenus lors des élections européennes, les listes RN ne parviennent pas à transformer l’essai en s’implantant localement. À Blangy-sur-Bresle ou à Eu, le parti d’extrême droite réunit un peu plus de 11 % et 13 % des suffrages alors que Jordan Bardella avait écrasé la concurrence en mai 2019 avec 42 et 29,90 %.  

Dans le Sud, si le maire de Béziers Robert Ménard est réélu au premier tour (68,74 %), le parti de Marine Le Pen n’est pas à la fête dans l’Hérault. Il y avait quatre villes dans ses objectifs de conquête. À Lunel, Julia Plane se classe seulement troisième (21,73 %) bien éloignée derrière le sortant Claude Arnaud (28,55 %) soutenu par LR et LREM et son ancien premier adjoint Pierre Soujol (27,8 %).

Du côté de Frontignan, le candidat du Rassemblement national termine deuxième (27,9 %) distancé par la majorité municipale socialiste conduite par Michel Arrouy (40,9 %). 

Du côté de Sète, l’union des droites impulsée par Robert Ménard n’a pas fonctionné non plus. Sébastien Pacull, l’ex-président départemental des Républicains, tête de liste soutenue par le RN, ne parvient pas à se hisser sur le podium, en terminant quatrième. Devant lui, on retrouve deux listes de gauche et celle de l’édile François Commeinhes (34,87 %).       

En Moselle, le jeune conseiller régional Kevin Pfeffer (31%), candidat à Striring-Wendel (lire notre reportage pendant la campagne), est distancé de 10 points par la liste de l’ancien adjoint du maire sortant.

À noter que Louis Aliot fait moins bien qu’attendu à Perpignan (lire notre reportage) : il a recueilli 35,66 % des suffrages (contre 34,19 % il y a six ans). Une contre-performance pour un candidat, qui espérait bien conquérir la ville cette année*. Le contexte est toutefois particulier là encore : l’historien Nicolas Lebourg souligne que la participation a baissé de vingt points dans cette ville des Pyrénées-Orientales (du jamais vu). 

* Rien n’indique que Louis Alliot ne gagnera pas son pari à Perpignan au terme du second tour, d’autant que le candidat, durant la campagne, s’est montré ambiguë dans l’attitude qu’il adopterait, mais question pour lui de rejoindre un front républicain. Ensuite, tout dépendra du contexte du 2ème tour, et du taux d’abstention ; si ailleurs un taux d’abstention élevé est favorable au RN, ce n’est pas forcément vrai à Perpignan. Ac