MLP, la seule opposition à Macron?

Présidentielle : Marine Le Pen veut incarner la seule opposition à Emmanuel Macron en 2022

La présidente du Rassemblement national (RN) a officialisé sa candidature à l’élection présidentielle de 2022 lors de ses voeux à la presse ce jeudi. Elle entend rassembler derrière elle un « front anti-Macron ».

Publié le 16 janv. 2020 à 18h22Mis à jour le 17 janv. 2020 à 9h41

Marine Le Pen a ouvert les hostilités pour 2022. La présidente du Rassemblement national (RN) s’est déclarée candidate à la prochaine élection présidentielle lors de la présentation de ses voeux à la presse, au siège du parti à Nanterre. C’était même la première phrase ou presque de son discours. Certes, il n’y avait pas grand suspense, mais il est rare que les candidats entrent dans la course aussi tôt. « Nous sommes entrés en phase pré-présidentielle », a-t-elle expliqué.

Marine Le Pen veut ainsi prendre de court tous les prétendants désireux d’incarner l’opposition à Emmanuel Macron. L’actuel président est appelé a priori à briguer un nouveau mandat dans deux ans. Et la présidente du RN, malgré son débat raté entre les deux tours de l’élection de 2017, entend, elle, représenter l’alternative.

Main tendue aux électeurs de droite

A droite, aucun candidat naturel n’émerge pour le moment. D’ailleurs, estime-t-elle, « les Français ne perçoivent pas LR comme un parti d’opposition ».  Ce week-end à Paris, elle avait même tendu la main aux électeurs de droite.

« J’appelle les électeurs les Républicains à ouvrir les yeux […] sur les alliances nombreuses de leur mouvement avec le parti d’Emmanuel Macron, […] à constater la trahison dont ils sont victimes de la part de ceux qui leur ont fait croire qu’ils lutteraient contre la politique d’Emmanuel Macron alors qu’ils en sont aujourd’hui les marchepieds, à défaut d’en être les paillassons ». Ce jeudi, elle a réitéré ses attaques : « François Baroin a-t-il vraiment envie de se présenter en tant que chef de l’ancienne droite ? Je pense plutôt qu’il a envie de remplacer Emmanuel Macron si celui-ci était empêché », selon Marine Le Pen.

« Bloc populaire »

La présidente du RN veut prendre la tête du « bloc populaire », pour reprendre le terme du politologue Jérôme Sainte-Marie, face au « bloc élitaire », dirigé par Emmanuel Macron.  Son ouvrage « Bloc contre bloc » sorti à la fin de l’année dernière , très lu au RN, reprend l’idée d’un retour de la lutte des classes.

Marine Le Pen adhère au propos du fondateur de la société PollingVox. Pour elle, « il y a bien une sécession des élites ». En début de semaine, elle déclarait même au « Parisien » : « les syndicats réformistes sont les idiots utiles du macronisme ». Le but est clairement d’instaurer un match entre deux adversaires – elle et Emmanuel Macron – et personne d’autre entre eux.

Crédibilité

Partir tôt en campagne, c’est aussi « une manière de dire aux gens : c’est maintenant qu’il faut vous engager pour qu’Emmanuel Macron ne soit pas réélu », explique-t-elle. Reste à se construire une crédibilité auprès des Français, notamment en matière économique, ce qui lui a singulièrement manqué en 2017. Le Rassemblement national dit travailler mais pour l’instant, personne n’en voit la couleur. « Nous rendrons public un livre blanc sur la sécurité dans les prochains jours », a promis Marine Le Pen.

Suivront ensuite des propositions sur la défense et la transition écologique. Sur  la réforme des retraites, la présidente du RN moque « le cynisme et l’amateurisme » du gouvernement.  Elle entend ramener la durée de cotisations à 40 annuités si elle est élue avec un âge légal de départ abaissé à 60 ans. Une décision qui coûtera cher. Marine Le Pen a deux ans pour préciser comment elle compte la financer.

Guillaume de Calignon