Le Rassemblement national était fier de son tract de campagne avant de réaliser qu’une photo de la candidate d’extrême droite avec Vladimir Poutine était du plus mauvais effet en pleine crise ukrainienne.
Le tract de Marine Le Pen comprenait une photo d’elle avec Vladimir Poutine lors d’une rencontre à Moscou en 2017. (SPUTNIK/REUTERS)
par Nicolas Massol, Tristan Berteloot et Chez Pol
publié le 1er mars 2022
Marine Le Pen minimise le départ de Marion Maréchal et critique la campagne d’Eric Zemmour, « en train de s’effondrer sur elle-même »
En déplacement au Grau-du-Roi, dans le Gard, la candidate du Rassemblement national s’est affichée en désaccord avec son concurrent à l’extrême droite, notamment sur la guerre en Ukraine.
Le Monde avec AFP,Publié hier (samedi 5 mars) à 16h10
La candidate du Rassemblement national à l’élection présidentielle, Marine Le Pen, a décidé de prendre les devants, samedi 5 mars. A la veille du très probable ralliement de sa nièce, Marion Maréchal, à Eric Zemmour, Mme Le Pen a préféré critiquer par avance la direction prise par la campagne de son concurrent direct à l’extrême droite.
« La pauvre Marion est transformée en sorte de bouée de sauvetage d’une campagne qui est en train de s’effondrer sur elle-même », a-t-elle déclaré lors d’un point presse en marge d’un déplacement au Grau-du-Roi, dans le Gard. « C’est dommage parce qu’elle mérite mieux que ça », a aussi tranché Marine Le Pen.
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Marion Maréchal doit s’afficher publiquement pour la première fois en compagnie du candidat d’extrême droite lors d’un meeting de ce dernier à Toulon, dimanche après-midi. Fin janvier, l’ancienne députée Front national avait avoué au Figaro « pencher » pour Eric Zemmour. « C’est brutal, c’est violent, c’est difficile pour moi », avait alors réagi Marine Le Pen.
Un « monde fait pour les gros et par les gros »
Samedi, Mme Le Pen a aussi dit qu’elle ne « comprenait même pas » les propos d’Eric Zemmour, qui a dit, vendredi, que la guerre en Ukraine « détournait l’attention des sujets majeurs pour la France », alors que ce conflit, selon elle, « a fait émerger des sujets (…) essentiels, le sujet de notre indépendance alimentaire » et de « notre indépendance énergétique ».
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En visite au Salon international de l’agriculture, à Paris, vendredi, Eric Zemmour avait considéré que « géostratégiquement, nous sommes aspirés vers l’Est par cette guerre alors que nos problèmes sont au Sud » par l’immigration et un « choc des civilisations » qu’il dénonce. « Il faut y faire face [à la guerre] mais il faut continuer, ce que nous faisons d’ailleurs, à parler de l’intégralité des sujets du quotidien des Français », a estimé Marine Le Pen de son côté.
Avant la tenue de son point presse, samedi matin, Marine Le Pen s’était longuement promenée sur la plage du Boucanet au Grau-du-Roi pour admirer des manadiers de Camargue, sur leurs chevaux, guider des taureaux vers les arènes à l’occasion de l’abrivado. Elle a salué cette « tradition » locale et défendu les indépendants, ces « petits [qui] sont de plus en plus en difficulté », dans un « monde fait pour les gros et par les gros ».
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Interpellée sur la plage par une retraitée, Nadia, qui lui demandait si c’était « normal qu’il [Poutine] fasse plein de morts » en Ukraine, elle a répondu qu’il fallait « garder l’espoir » de « ramener à la raison » le président russe, qui l’avait reçue lors de la présidentielle en 2017. « Déjà on peut accueillir les femmes et les enfants qui fuient » la guerre, « l’important c’est d’obtenir la paix », a-t-elle complété.
Lors du point presse, Marine Le Pen a redit son opposition à la livraison d’armes à l’Ukraine par la France et qu’il fallait « tout miser » sur la diplomatie. Elle a ajouté qu’il fallait aussi « réfléchir à des sanctions », mais qu’elles ne devaient pas conduire à « l’effondrement économique » de la France.
Le Monde avec AFP