Régionales 2021
Longtemps nous aurions pu croire le sud-ouest à l’abri des poussées de fièvre de l’extrême droite qui depuis longtemps trace son sillon en PACA. Perpignan, Béziers, Beaucaire… Et bientôt des cantons risquent de tomber entre ses mains aux prochaines départementales, à la région le parti d’extrême droite obtiendra peut-être plus de sièges, faisant ainsi augmenter son capital politique auprès des opportunistes de tous poils qui se se situent en fonction du sens du vent et des places disponibles sur la marché de la démocratie bourgeoise.
Avec l’absorption du Languedoc-Roussillon dans la région Occitanie, la banalisation du RN dont les représentants sont maintenant reçus comme n’importe quel personnel politique sur toutes les grandes chaînes de radio ou de TV, et la droitisation générale des discours, au sein même de LERM, parti qui d’après son grand chef Macron, se prétend le seul bouclier ou alternative au RN, l’idéologie réactionnaire d’extrême droite gagne partout du terrain. Et pendant qu’on parle police – peines planchers – délinquances ou politique de répression des addictions (sauf pour le pinard ou le Ricard!), les français et françaises, dans leur grande majorité, subissent de plein fouet les aléas du monde capitaliste néo-libéral où les plus faibles sont de moins en moins protégés, où on déréglemente à tour de bras au nom d’une fausse concurrence, où tout devient marchandise et le bien commun une notion pour enjoliver les discours. Véolia est devenu en début d’année le premier acteur mondial dans le traitement et la distribution de l’eau ! Il intervient sur tous les continents, son objectif final ? Demandez-le à ses actionnaires! L’État soutient Total à coups de nos millions (fruits de la TVA que nous payons toutes et tous en faisant nos courses!) dans son assaut des glaciers de l’Antarctique qui grâce au réchauffement climatique sont en train de fondre et offrent du même coup des opportunités d’exploitation (Voir Reporterre en ligne : https://reporterre.net/700-millions-d-euros-geles-pour-empecher-Total-de-salir-l-Arctique ). Ac
Les «locomotives» RN tirent Garraud dans le Languedoc
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Transfuge de la droite, le candidat RN en Occitanie incarne la ligne d’ouverture voulue par Marine Le Pen et Robert Ménard, l’édile de Béziers, aux dépens des militants historiques du parti, comme Julien Sanchez, maire de Beaucaire. Une stratégie qui a réussi l’an dernier à Perpignan avec la victoire de Louis Aliot.
Ménard, maire de Béziers, et Jean-Paul Garraud, candidat RN à la région Occitanie, jeudi à Béziers. (David Richard/Transit pour Libération)
par Sarah Finger, Libération, et photos David Richard. Transit
publié le 31 mai 2021 à 4h19
«Ça va les filles ?» «Ah bonjour madame ! Alors, vous êtes vaccinée ?» Robert Ménard, accompagné de son épouse qu’il tient par la main, s’arrête à chaque coin de rue pour saluer un quidam. Tous ceux qu’il croise le reconnaissent. Depuis qu’il a conquis la mairie de Béziers, en 2014, Robert Ménard semble savourer chaque instant passé à arpenter sa ville, ne laissant planer aucun doute sur le fait qu’il est maître ici, chez lui. C’est loin d’être le cas de celui qui cheminait jeudi à ses côtés. Jean-Paul Garraud, 65 ans, tête de liste RN en Occitanie, a labouré les terres d’Aquitaine en tant que député et magistrat. Mais il tâtonne sur celles du Languedoc, où il fait clairement figure de parachuté. Pourtant, c’est ici, dit-il, qu’il compte faire le plein de voix : «Dans l’Hérault, le Gard et les Pyrénées-Orientales, on s’attend à de très bons scores.» Des départements où, précise-t-il, trois «locomotives» ont démontré la capacité de gestion du RN : Robert Ménard à Béziers (non encarté, mais proche du parti lepéniste), Julien Sanchez à Beaucaire et Louis Aliot à Perpignan. Trois maires qui s’affichent tout sourire sur les documents de campagne du candidat Garraud. Mais derrière les bonnes mines, les calculs vont bon train.
«Elle veut ouvrir tous ses chakras en direction des LR»
Jean-Paul Garraud, qui se définit comme «bonapartiste et gaulliste», venu du courant très sarkozyste de la «droite populaire» et de l’UMP, a en effet été préféré comme tête de liste à Julien Sanchez, 37 ans, actuel président du groupe RN à la région Occitanie. Ce jeune loup entré au Front à l’âge de 17 ans était pourtant soutenu par plusieurs élus du cru : «Julien est un pur produit du FN, peste l’un d’eux. Il était trop marqué politiquement. Marine a fait ses choix, elle s’appuie sur l’aura professionnelle de Garraud. Et surtout, elle veut ouvrir tous ses chakras en direction des LR… C’est un pari. Si elle réussit, tant mieux.»
Jeudi, Jean-Paul Garraud lors de la commémoration nationale de la résistance, au pied d’un monument érigé en la mémoire de Jean Moulin. (David Richard/Transit pour Libération)
Robert Ménard aurait pesé de tout son poids dans ce choix. «Ce qui se joue en Occitanie, c’est une guerre d’influence entre deux stratégies, observe un vieux routard socialiste dans l’Hérault. Celle de l’union des droites, prônée par Ménard, et celle de la ligne identitaire du parti, que représentait Sanchez. Ménard ne voulait pas de Sanchez comme tête de liste. Désigner Garraud, c’était lui offrir une concession et éviter qu’il ne se présente aux régionales.» Le maire de Béziers a en effet caressé cette idée : en octobre, un «parfum d’union» flottait autour de l’élu biterrois et de Brigitte Barèges, maire LR de Montauban (Tarn-et-Garonne). En janvier, ce tandem était crédité de 14 % des intentions de vote, soit 2 points seulement de moins que Garraud actuellement. L’aventure a fait long feu : en février, Barèges a été condamnée à cinq ans d’inéligibilité pour «détournement de fonds publics». Mais un nouveau sondage, en mars, livrait un pronostic identique : même seul, Robert Ménard atteignait 14 % d’intentions de vote. «Personne n’ignore la capacité de nuire et l’influence médiatique du maire de Béziers, poursuit le militant socialiste. Le RN est obligé de composer avec lui.»
«C’est carrément open bar»
Mais l’union des droites va-t-elle séduire les électeurs ? «Les historiques du Front, comme les anciens militaires ou les rapatriés, auraient préféré Julien Sanchez et ne vont pas se déplacer en masse pour voter Jean-Paul Garraud, prédit un pilier LR de l’Hérault. Ils ont l’impression d’avoir été mis au rencart, or ce sont eux qui tiennent les réseaux… Cela n’empêchera pas le RN de faire un bon score, puisque c’est devenu la marque de tous les mécontents.» Cette stratégie d’ouverture du RN s’inscrit, selon ce membre de LR, «dans une logique purement présidentielle». «C’est carrément open bar», dit-il, faisant allusion à la dernière prise des lepénistes en Occitanie : Frédéric Bort, ancien directeur de cabinet de Georges Frêche, l’ancien maire de Montpellier et président de la région Languedoc-Roussillon, exclu du PS en 2007 pour des propos sur le nombre de joueurs noirs en équipe de France de football. Bort a été désigné tête de liste RN dans l’Hérault et expliqué, dans un admirable numéro de contorsion que son revirement politique s’inscrivait dans la logique de défendre «les gens de peu»…
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La formule «open bar» du RN réussira-t-elle encore mieux que l’ancienne ? Lors des régionales de 2015, Louis Aliot, alors tête de liste, avait largement devancé ses concurrents au premier tour, réunissant près d’un tiers des suffrages. Après avoir conquis Perpignan en 2020, le vice-président du RN espère faire tomber le département des Pyrénées-Orientales où la gauche est encore largement majoritaire. Jean-Paul Garraud, lui, compte faire aussi bien qu’Aliot il y a six ans, avec l’appui de ses «locomotives» : vingt-quatre heures après sa visite chez Ménard, il s’en allait rejoindre «Louis» à Perpignan.
Jean-Paul Garraud en déplacement à Béziers pour rencontrer Robert Ménard, le maire de la ville, jeudi. (David Richard/Transit pour Libération)