Chorégie d’Orange: prise de contrôle par une adjointe au maire

Le directeur des Chorégies d’Orange démissionne, en conflit avec la mairie d’extrême droite

Le Monde.fr | 11.03.2016 à 19h08 • Mis à jour le 11.03.2016 à 21h10

 

 

Le directeur général des Chorégies d’Orange, Raymond Duffaut, en poste depuis 1981, a démissionné à la suite d’un conflit avec la municipalité d’extrême droite dirigée par Jacques Bompard (Ligue du Sud).

L’affaire remonte à janvier, alors que Thierry Mariani, président depuis vingt ans de l’Association des Chorégies d’Orange et député des Français à l’étranger, annonce sa démission de la présidence du festival lyrique. La présidence par intérim était assurée par une adjointe au maire d’Orange, Marie-Thérèse Galmard, qui devait convoquer une réunion pour élire un nouveau président. Or elle entend rester jusqu’à la fin du mandat, en 2018.

« Un coup de force »

« La ville considère que la présidence de l’Association des Chorégies d’Orange lui revient de droit, c’est un coup de force », estime Raymond Duffaut après avoir rendu publique sa lettre de démission.

En 1995, lorsque Jacques Bompart, alors élu Front national, avait conquis la mairie d’Orange (Vaucluse), les relations avec les Chorégies avaient été conflictuelles. Le maire a retiré sa subvention au festival et a demandé un loyer pour la mise à disposition du théâtre antique. Raymond Duffaut a alors menacé de déplacer les Chorégies à Vaison-la-Romaine. Les relations se sont ensuite normalisées, sous pression notamment des commerçants de la ville.

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Créé originellement en 1969 et sous sa forme actuelle depuis 1971, le festival d’art lyrique présente chaque été deux opéras classiques en plein air dans le théâtre antique de la ville, un monument à l’acoustique exceptionnelle qui peut accueillir 8 300 spectateurs.

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Réactions du ministère de la culture

AFP 13-03-2016 – 15:34

Chorégies d’Orange: le ministère de la Culture envisage de suspendre sa subvention

voir les photos ©Photo:AFP/Archives/BORIS HORVAT

La ministre de la Culture juge « anormale » la situation à la présidence des Chorégies d’Orange et souhaite faire respecter « les règles de gouvernance », faute de quoi elle pourrait suspendre la subvention à ce grand festival lyrique, a indiqué dimanche son ministère, confirmant des informations de presse.

« La ministre Audrey Azoulay constate qu’il y a une situation qu’elle considère comme anormale et en accord avec Christian Estrosi (le président Les Républicains de la région Provence Alpes-Côte d’Azur), elle en tirera les conséquences en tout début de semaine », a déclaré à l’AFP un porte-parole du ministère.

Mme Azoulay et M. Estrosi « ont échangé samedi sur le sujet et sur la conduite à tenir dans cette affaire », a-t-il ajouté, confirmant des informations du Journal du Dimanche et du Parisien.

Ils en tireront les conséquences en début de semaine. Pour l’Etat, cela concerne la possibilité de reconsidérer sa présence au conseil d’administration et sa participation financière au festival », a-t-il indiqué, sans préciser le montant de la subvention de l’Etat.

Selon le Parisien, la participation de l’Etat le plus populaire de France représente 6 à 7% du budget des Chorégies.

« Le ministère souhaite que les règles de gouvernance soient respectées », a insisté le porte-parole. « Ce qui s’est passé est inacceptable », a-t-il ajouté, en référence à la prise de contrôle des Chorégies par la municipalité d’extrême-droite.

L’affaire remonte à janvier, lorsque le député Thierry Mariani, avait annoncé sa démission de la présidence du festival.

Du fait du départ de M. Mariani, et selon les statuts de l’association, il revient à Marie-Thérèse Galmard, adjointe à la vie sociale à la mairie, d’assurer l’intérim de la présidence, avant que le conseil d’administration élise un nouveau président.

Mais Mme Galmard entend rester à la présidence jusqu’à la fin du mandat de M. Mariani en 2018, selon le directeur général du festival, Raymond Duffaut, qui a annoncé vendredi sa démission pour dénoncer « ce coup de force ».

« On a une position simple: l’équipe dirigeante des Chorégies a été élue à l’unanimité. Le président démissionne et le texte dit que quand le président est empêché, c’est la vice-présidente qui préside », a pour sa part déclaré dimanche à l’AFP le maire d’Orange, Jacques Bompard.

« Il y a un accord (avec le ministère) valable encore deux ans, donc (en menaçant de suspendre les subventions), la ministre affirme qu’elle méprise la loi », a-t-il encore commenté.

« Par ailleurs, est-ce que la ministre va rembourser toutes les subventions de la ville aux Chorégies depuis 20 ans ? », s’est-il interrogé.