Syndicats
« Une grande réforme des syndicats sera mise en œuvre avec comme objectif principal d’assurer une meilleure représentation des salariés. Le monopole de représentativité institué après la Libération sera supprimé, et les modalités d’élection des représentants des salariés seront revues. Des syndicats plus représentatifs travailleront mieux à la réelle défense des intérêts des salariés : ils seront en effet plus à même d’entrer dans des logiques de concertation constructives et moins tentés de recourir à un rapport de forces (grève, manifestation) pour pallier leur manque de légitimité »
Des modalités d’élection seront revues, la définition de la représentativité issue de la Libération supprimée : dans quel but ? En tout cas pour le FN les syndicats actuels ne sont pas légitimes, c’est pour ça qu’ils manifestent, il faut plutôt se concerter avec le patronat et ne pas faire grève.
On retrouve un thème central des courants fascistes : la collaboration entre patronat et salariat et la négation de la lutte syndicale.
Pourquoi le patronat deviendrait-il conciliant ? Grâce au protectionnisme ? L’était-il au temps des droits de douane et du contrôle des capitaux ? Si le chômage était faible pendant les « 30 glorieuses », les luttes n’ont pas manqué pour les salaires, les congés, contre les cadences infernales, le travail parcellisé et répétitif…sans oublier 1968 qui a permis une avancée significative notamment des droits syndicaux dans l’entreprise, des salaires (SMIC +35%, salaires +7 à 10%) et de la réduction du temps de travail.
Et puis ce n’est pas le programme social du FN qui peut nous rassurer : voir ci-après sur le salaire, le temps de travail, l’égalité hommes-femmes ; et rien sur la précarité. Le patronat lui n’a pas grand chose à craindre du FN.
Le FN vise la défense du capitalisme français. Sans doute les mesures qu’il avance ne conviennent pas aujourd’hui aux multinationales qui veulent avant tout la libération des échanges commerciaux et des mouvements de capitaux. Mais historiquement le fascisme a servi avant tout à combattre les salariés et détruire leurs organisations ; c’est pour cela qu’il a été appelé au pouvoir par la classe dirigeante en Allemagne et en Italie, malgré un habillage social des programmes, puis il s’est aligné sur les objectifs économiques du patronat.
Salaires
Marine Le Pen : « Mais de manière plus générale, je vais mettre en place une contribution sociale à l’importation, qui me permettra de faire prendre en charge par l’Etat 200 euros de cotisations sur tous les salaires jusqu’à 1,4 fois le smic ». « Quelle va être la conséquence ? C’est que tous les salaires, jusqu’à 1,4 fois le smic vont immédiatement augmenter de 200 euros net ».
La base de cette augmentation, les importations, est fragile : la conjoncture, la taxe elle-même, les droits de douane annoncés, une crise, une guerre économique exacerbée par le protectionnisme… peuvent les faire varier et donc aussi les recettes pour les prestations sociales. Cela remet en cause notre système de protection sociale basé sur la mutualisation d’une partie du salaire et des prestations adaptées aux besoins de chacun.
35 H
Afin de ne pas perturber à nouveau grandement le fonctionnement du marché du travail et des conditions d’emploi des salariés dans les entreprises françaises, les lois sur le temps de travail hebdomadaire de 35 heures ne seront pas revues ; en revanche la renégociation sera autorisée à la condition qu’elle s’accompagne d’une augmentation proportionnelle du salaire « .
Travailler plus pour gagner plus, on a déjà entendu ça ! Seule l’augmentation est envisagée et la négociation dans cette démarche se fera boîte pas boîte.
Travail des femmes
Un salaire parental permettrait « dès que les finances le permettront …de choisir librement entre l’exercice d’une activité professionnelle et l’éducation de leurs enfants». Présenté comme étant destiné tant aux pères qu’aux mères, il s’adresse en réalité aux «femmes au foyer», si l’on écoute M Le Pen : elle évoque «un salaire maternel» (à Présent le 21 décembre 2010), et «un salaire minimum qui serait accordé aux femmes qui font le choix d’élever leurs enfants» (sur RMC, 9 janvier 2012).
M Le Pen doit reconnaître qu’ « il y a aussi des femmes qui sont contraintes de travailler parce que sinon elles ne peuvent pas nourrir leurs enfants ; elles sont utilisées comme une variable d’ajustement, dans des emplois éminemment difficiles, avec des horaires qui sont juste insupportables […], je pense notamment à la manière dont sont traitées un certain nombre de femmes dans la grande distribution, mais pas seulement […] ».
Pour M Le Pen avec ce salaire parental « Il ne s’agit pas d’envoyer les femmes à la cuisine !
… » mais de « leur donner un choix ». Le boulot des femmes est souvent pénible et sous-payé ? Qu’à cela ne tienne, donnons leur le « choix » de rester chez elles. On voudrait plutôt que ces emplois soient améliorés, que personne, femme ou homme, ne soit « utilisé comme une variable d’ajustement ».
Marie-Christine Arnautu, vice-présidente du FN en charge des affaires sociales a déclaré : »Qu’est-ce que vous voulez ? Qu’on égalise les salaires alors que tant de gens sont au chômage ?», (dans Causette). Donc tant qu’il y du chômage, pour que les femmes ne perdent pas leurs
« emplois éminemment difficiles », mieux vaut l’inégalité des salaires !
Capitalisme
« Nous ne remettons pas en cause l’économie de marché, ni les bienfaits de la concurrence si elle est loyale », a expliqué MLP. C’est au capitalisme « sans frontières » qu’il s’agit de s’attaquer formellement au nom de la « restauration de la souveraineté ».
Est-ce que c’était mieux avec des frontières ? Si on se rappelle la période d’avant-guerre, les crises (1929), le chômage, les guerres, il n’y a pas de quoi être rassuré : le capitalisme national est tout autant porteur de ces fléaux.
Même avec des frontières, la concurrence et le marché c’est l’exploitation du travail, les crises, la domination des grandes entreprises : c’était le cas avant la mondialisation. De plus c’est contradictoire avec les protections promises pour les paysans, les artisans et petits commerçants.
Le FN annonce aussi la fin de la loi de 1973 qui interdisait à la Banque de France de prêter à l’Etat, obligeant celui-ci à emprunter aux banques privées. Mais l’argument était justement que le marché et la concurrence sauraient mieux que l’Etat réguler la finance et la monnaie : on a vu où ça nous a menés : crises financières à répétition et dégradation sociale importante.
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