US: face aux manifestants, un important dispositif répressif

La garde nationale, «le dernier recours des gouverneurs» en situation de crise

Jean-Philippe Guilbault, il y a 4 jours

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© Scott Olson/Getty Images La garde nationale du Minnesota a été appelée en renfort à Minneapolis et à Saint Paul lors des manifestations dans la foulée de la mort de George Floyd.

La garde nationale a été mobilisée en fin de semaine dans plusieurs États pour épauler les policiers et cette division de l’armée américaine représente le dernier recours des gouverneurs avant de devoir se soumettre au contrôle direct du gouvernement fédéral. Portrait.

Face aux dérapages des derniers soirs dans plusieurs grandes villes américaines, les gouverneurs de plus d’une dizaine d’États ont mobilisé la garde nationale pour intervenir auprès des corps policiers.

USA Racisme violences policières

Manifestation contre le racisme le 4 juin dernier à Washingtown

Ces militaires sont des réservistes de l’armée américaine présents dans tous les États américains et souvent appelés en renfort lors de catastrophes naturelles.

Ils sont sous le commandement du gouverneur de l’État, mais le gouvernement fédéral peut les appeler à aller faire la guerre à l’étranger, explique le chercheur à la Chaire Raoul-Dandurand et historien Donald Cuccioletta. On a d’ailleurs envoyé certaines réserves en Afghanistan et en Irak.

Les soldats de la garde nationale occupent la plupart du temps des emplois de civils et doivent participer à des entraînements une fin de semaine par mois et à un camp d’entraînement de deux semaines chaque année.

S’ils sont généralement mobilisés pendant des catastrophes naturelles – ouragans, tornades et inondations – les gouverneurs peuvent les mobiliser lorsque des mouvements civils débordent.

Historiquement, la garde nationale a été mobilisée lors des émeutes de 1968 après l’assassinat de Martin Luther King ou dans la foulée du passage de l’ouragan Katrina en 2005.

USA Garde nationale de Californie

© Agustin Paullier/Getty Images Des véhicules blindés de la garde nationale de la Californie devant le Convention Center de Los Angeles.

Ça ajoute une charge de militarisme dans la situation, ajoute M. Cuccioletta.

Dernier recours avant la prise en charge par Washington

L’autre « coche » après l’arrivée de la garde nationale serait la mobilisation de régiments de l’armée américaine ou de la police militaire qui, elle, aurait le pouvoir d’arrêter des manifestants. Or, ce scénario est très peu envisagé par les gouverneurs américains puisque cela impliquerait une délégation de pouvoirs vers Washington. Le Pentagone s’est toutefois dit prêt à envoyer des troupes si l’État du Minnesota le demande.

Les gouverneurs disent qu’ils n’en ont pas de besoin, car ils savent ce que cela veut dire : le contrôle de l’action policière va tomber dans les mains de Donald Trump, explique Donald Cuccioletta.

La garde nationale, c’est le dernier recours que les gouverneurs ont. Si ça persiste et que ça dégénère davantage, ils devront faire des téléphones à Washington.

Mobilisée en 1992 lors des émeutes de Los Angeles après l’acquittement de quatre policiers blancs dans l’affaire Rodney King, puis en 2014 à Ferguson dans la foulée de l’affaire Michael Brown, la garde nationale est souvent perçue par les communautés culturelles américaines comme l’autoritarisme qui leur tape sur la tête, explique Donald Cuccioletta.

 

USA Garde nationale lors des émeutes de 92 à Los Angeles

© AFP/Getty Images Des militaires de la garde nationale de la Californie lors des émeutes à Los Angeles en 1992.

Ce sentiment est toutefois mitigé comparativement aux corps policiers puisque la garde nationale est rarement côtoyée sur une base quotidienne.

Les gens aux États-Unis, même les Blancs, détestent les policiers parce qu’on les voit au quotidien, analyse M. Cuccioletta.  La garde nationale, on va la voir là, au Minnesota et dans d’autres États, mais quand tout ça va arrêter on ne les verra plus d’ici un autre deux à trois ans.

Selon Donald Cuccioletta, la plupart des réservistes de la garde nationale ne sont pas plus heureux d’être projetés dans ces situations de conflits civils : Ce n’est pas pour ça qu’ils sont restés dans l’armée, on leur a dit qu’ils allaient aider lors de catastrophes.

Ouest France,
Mercredi 3 Juin 2020

FBI, Garde nationale, police :

voilà comment fonctionne le maintien de l’ordre aux USA

Par Valentin BIRET

Après avoir fait appel à la Garde nationale, le président américain, Donald Trump, menace d’envoyer l’armée pour éteindre les manifestations qui font suite au décès de George Floyd. L’occasion de revenir sur un système de maintien de l’ordre aux États-Unis qui n’a rien à voir avec celui de la France.

Garde nationale, police d’État, police de comté, FBI, six armées… Aux États-Unis, le maintien de l’ordre est organisé de manière tout à fait différente de la France. Une particularité due, notamment, à celle du pays, divisé en 50 États. Avec des lois fédérales, qui valent sur tout le territoire, et des lois propres à chaque État.

Georgia protest in wake of George Floyd death in Minneapolis

Au total, on compte 18 000 forces de police distinctes suivant l’échelon territorial (fédéral, État, comté ou municipalité) ou le domaine (enquête, drogue, protection, explosifs, intervention, transports, frontières).

Pour s’y retrouver, voici comment s’organisent les forces de l’ordre.

L’armée américaine, 3e du monde

Avec 1 428 868 membres actifs et 848 000 réservistes, c’est la troisième plus grande armée du monde après la Chine (2 millions de soldats actifs et 800 000 réservistes) et l’Inde (3 773 000 combattants en 2008).

L’armée américaine se compose en réalité de six corps : l’US Army (l’armée de terre, le plus important), la Navy (marine), l’US Air Force (armée de l’air), l’US Marine Corps, l’US Coast Guard (Garde-côtes) et l’US Space Force, destinée à la conduite d’opérations militaires dans l’espace.

Si elle n’est pas la première armée mondiale en termes de troupes, c’est bien la championne en termes de budget consacré à la défense. En 2013, il s’élevait à 640 milliards de dollars, soit 36 % du budget officiel dédié à ce secteur dans le monde. Les USA sont aussi numéro 1 en matière de force de frappe et de capacité de déploiement.

L’intégralité de l’article : https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/94518/reader/reader.html#!preferred/1/package/94518/pub/136919/page/6

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