Prise de pouvoir d’Hitler, Berlin 1933

Berlin 1933 – Le journal dʼune capitale (1/2)

Chronique de l’année 1933, celle de l’avènement du IIIe Reich, par le prisme des écrits (journaux intimes, lettres ou articles de presse) de Berlinois qui ont vécu ce terrible moment de bascule. Première partie : au début de l’année 1933, la République de Weimar est gravement ébranlée.

Défilé de SA à Berlin en 1933

Défilé de SA à Berlin en 1933

Dans un contexte d’hyperinflation, d’explosion du chômage et de la pauvreté, le régime connaît une forte instabilité politique, qui se traduit par une polarisation de l’opinion entre le parti national-socialiste et le KPD communiste. Les émeutes et les assassinats politiques se multiplient. Quand Adolf Hitler est nommé chancelier le 30 janvier, l’entrée du national-socialisme au gouvernement ne suscite de véritable inquiétude que dans les rangs de la gauche. Un mois plus tard, l’incendie du Reichstag offre à Hitler un prétexte pour engager une violente répression contre les communistes. Le 23 mars, le Reichstag, amputé de ses députés du KPD, lui accorde les pleins pouvoirs. Hitler met alors en œuvre sans attendre un terrible programme politique, qui s’ouvre par une première vague de persécution des juifs.

Chronique polyphonique
Reprenant le mode de narration déjà déployé dans un précédent documentaire, 
Berlin 1945, Volker Heise construit son récit à partir d’extraits d’écrits – journaux intimes, lettres, discours ou articles de presse – qui s’accompagnent de poignantes images d’archives du Berlin de l’époque. Les mots de diplomates, journalistes, intellectuels, syndicalistes, dignitaires nazis ou opposants politiques se mêlent à ceux de Berlinois ordinaires – sympathisants d’Hitler, apolitiques, juifs – pour nourrir cette chronique polyphonique d’une funeste année de bascule. Des témoignages marqués par l’immédiateté, entre sidération, effroi et aveuglement, et qui prennent bien souvent une tout autre dimension avec le recul de l’histoire.

Réalisation Volker Heise

Pays Allemagne

Année 2022

Disponible jusqu’au 24/04/2023 sur arte.tv avec ce lien :

https://www.arte.tv/fr/videos/107449-001-A/berlin-1933-le-journal-d-une-capitale-1-2/

Épisode particulièrement intéressant et effrayant car il met en évidence comment Hitler et les nazis en un laps de temps très court prennent le pouvoir. Et d’une manière inexorable, tant il apparaît difficile de revenir en arrière et de stopper leur ascension, ils musellent le pays tout entier dans une apparence de démocratie républicaine jusqu’à l’incendie du Reichstag dans la nuit du 27 au 28 février. Alors, déjà il semble trop tard ; les nazis contrôlent tous les rouages du pays. Le 20 février lors d’une réunion secrète où ont été conviés les principaux capitaine d’industrie et du monde financier allemand, les dignitaires nazis se sont assurés de leur soutien, et obtiennent une aide financière pour couvrir leurs coûteux frais de campagne. Les élections organisées en mars ne sont plus qu’une formalité. En moins de trois mois, Hitler et les nazis a fait basculer l’Allemagne dans l’obscurantisme d’une dictature totale et dans une longue marche vers l’horreur qui ne prend fin que douze ans plus tard, après les massacres que l’on sait.

Ac

Rappel historique : 30 janvier 1933

Hitler devient chancelier de l’Allemagne

Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est appelé à la Chancellerie (un poste équivalent à celui de Premier ministre).

Le président de la République, le vieux maréchal Paul von Hindenburg (86 ans), demande à Hitler (43 ans), chef ou Führer du parti national-socialiste allemand (le NSDAP, en abrégé nazi), de former le nouveau gouvernement allemand. C’est l’aboutissement inattendu d’un parcours chaotique marqué par de nombreux revers…

André Larané

Tractations indignes

La nomination surprenante de Hitler fait suite à des tractations menées par le docteur Hjalmar Schacht. Ce dernier est un financier réputé. Ancien président de la Reichsbank, il est à l’origine du redressement spectaculaire de l’économie allemande après la crise monétaire de 1923, « l’année inhumaine ».

Avec quelques autres sommités du monde économique, il demande par lettre à Hindenburg de nommer à la chancellerie le « chef du groupe national le plus nombreux », autrement dit Hitler. Il y voit le moyen de détourner les masses populaires des communistes et de les rallier à la République de Weimar !… Il est vrai qu’en 1932, l’horreur absolue est représentée par le communisme.

Les dirigeants allemands, qui ont perdu la confiance des citoyens à cause de leur politique de « déflation », espèrent que Hitler saura s’opposer à la menace d’une prise de pouvoir bolchévique, rétablir l’autorité de l’État et agir en personne responsable. Hjalmar  Schacht organise une rencontre entre le chancelier Franz Von Papen et Adolf Hitler  le 4 janvier 1933 dans une villa mise à disposition par le banquier Kurt von Schröder.

À la suite de celle-ci, von Papen soutient la nomination de Hitler comme chancelier sous réserve que lui-même soit vice-chancelier et qu’il n’y ait que deux autres nazis au gouvernement. Ce seront Wilhelm Frick, ministre de l’Intérieur du Reich, et Hermann Göring, ministre sans portefeuille, par ailleurs ministre de l’Intérieur du Land de Prusse. 

Von Papen et les conservateurs espèrent se servir du Führer nazi pour enrayer la menace communiste. Pleins d’illusions, ils croient pouvoir le garder en main. Son parti est en effet en perte de vitesse depuis les élections législatives du 6 novembre 1932 qui lui ont valu 33,1% des suffrages au lieu de 37,3% en juillet. Il a perdu deux millions de voix sur un total de 17 millions en quatre mois.

Le nouveau chancelier constitue de la façon la plus légale un gouvernement largement ouvert aux représentants de la droite classique. Il ne compte que trois nazis, Hitler compris. Von Papen est lui-même vice-chancelier. Faute de majorité absolue au Parlement, Hitler paraît loin de pouvoir gouverner à son aise. Personne ne prend au sérieux ses discours racistes. Beaucoup d’Allemands pensent par contre qu’il peut redresser le pays en proie à la crise économique.

Course à la dictature

Avec une rapidité foudroyante, Hitler va asseoir sa dictature en dépit de la faible représentation de son parti au gouvernement et au Reichstag.

André Larané

Extrait tiré de https://www.herodote.net/30_janvier_1933-evenement-19330130.php