Fachosphère
L’extrême droite obsédée par sa virilité
par Maxime Macé et Pierre Plottu
«Je veux remettre la couille au centre du débat.» C’est ainsi que le youtubeur Papacito expliquait son projet dans un des nombreux entretiens vidéo qu’il a accordé à la sulfureuse maison d’édition Ring qu’il a désormais quittée – et qui est d’ailleurs à vendre. Une virilité, ou plutôt un virilisme, récurrent à l’extrême droite et qui résonne avec la figure du beauf à la Cabu.
«Avoir des couilles qui transpirent», être un homme, un vrai, pas un «homme-soja», se plaindre des prélèvements obligatoires qui serviraient à «payer le RMI du mec qui va violer ta fille», aduler une vision fantasmée du Moyen Age français vu comme la période la plus virile qui soit… Papacito entretient le mythe d’un homme, un vrai, forcément «droitard» en opposition aux «fiottes et aux lâches» que seraient les «gauchistes». En plus d’une posture vendeuse auprès de son public qui le regarde pour ses punchlines, ses jugements à l’emporte-pièce et son éloge systématique de la violence, le Youtubeur ne s’en cache pas : c’est aussi un moyen de recruter pour son camp en faisant de la métapolitique sans trop afficher ses idées radicales.
«Il faut des comptes [Twitter] mainstream pour aller chercher les gauchistes et les ramener à des idées de droite qui avec le temps s’affineront», expliquait-il au site d’extrême droite Boulevard Voltaire en janvier dernier. «On commence par Papacito et on finit chez Julien Rochedy à se forger une pensée européiste nietzschéenne. On peut aussi commencer chez Papacito pour finir chez Conversano, en fonction de son degré de radicalité.»
Défendre la civilisation occidentale
Le premier est un ancien président du Front national de la jeunesse. Julien Rochedy, qui apparaît proche de Papacito, l’assure : il a arrêté de faire de la politique, écœuré par les intrigues d’appareils. Désormais, il se concentre sur la philosophie – il se targue d’être un grand connaisseur de Nietzsche auquel il a consacré un livre – et sur la nécessaire «revirilisation» de ses contemporains. Effrayé, tel Eric Zemmour, par la «féminisation» de la société, érigée en cause du déclin de la France, il a ouvert une formation en ligne (payante), l’Ecole Major, pour apprendre aux hommes à être des hommes, des vrais.

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Celui qui est désormais Youtubeur et essayiste, et que l’on peut classer dans la liste des influenceurs d’extrême droite, est actuellement en pleine promotion de son nouveau livre. Une réponse à ce «féminisme idéologique» qui est en contradiction totale avec sa vision réactionnaire et conservatrice de la «féminité» et qu’il qualifie simplement de «connerie».
Le second personnage cité par Papacito, Daniel Conversano, est un suprémaciste blanc qui promeut l’exil en Europe de l’Est pour s’échapper d’une France qui serait devenue «un enfer» à cause des populations immigrées africaines. Le but est simple : en plus d’avoir une vie plus agréable dans des pays «préservés de l’immigration massive», il s’agit de contribuer à défendre la civilisation occidentale et la race blanche. En cela, se reproduire entre blancs est un point crucial et l’expression d’une virilité plus subtile mais procréer pour préserver la race du métissage est bien une partie du combat contre «l’envahisseur».