Le street artiste Combo agressé à Paris

LE MONDE | • Mis à jour le | Par Laurent Carpentier

Cela ne leur a pas plu, ce grand gars à la voix douce et à la barbe fournie d’un imam, qui collait sur le mur une affiche en pied de lui-même photographié en djellabah avec, à côté, le mot « coexist » – Un croissant musulman pour le C, une étoile de David pour le X, et une croix chrétienne pour le T. Samedi 30 janvier, porte Dorée à Paris, les quatre jeunes lui ont demandé d’effacer l’inscription. L’homme a refusé, alors ils l’ont roué de coups. Epaule démise, des bleus douloureux et huit jours d’incapacité totale de travail (ITT), mais « rien de cassé » : « Mon petit frère, qui fait de la boxe, m’a appris : j’ai eu les bons gestes quand j’étais à terre. »

Combo a 28 ans. Il n’est pas religieux. Il est « street artiste ». C’est-à-dire qu’il a fait de la rue son moyen d’expression. « Publicitaire repenti – pour Peugeot, MacDo ou Canal+ », il a décidé un jour qu’il devait faire œuvre. Depuis, il parcourt le monde avec ses rouleaux de papiers imprimés et ses bombes de peinture. A Tchernobyl, il colle une propagande incongrue pour le nucléaire. A Los Angeles, il organise un collage collectif Everybody Smokes. A Hongkong, il affiche des pages Google censurées par le Parti communiste chinois… « Mes œuvres fonctionnent de manière disruptive. Elles surprennent. Elles sont là où elles ne devraient pas être. » Mais, depuis, il y a eu cette résidence d’artiste à Beyrouth, et il y a eu Charlie.

Né à Amiens d’un père libanais chrétien et d’une mère marocaine musulmane, Combo est l’aîné d’une fratrie de quatre garçons. « Je suis né dans un milieu ouvert, mais plus on descend en âge, plus on se tourne vers la religion. A 19 ans, le petit dernier pratique le sport de haut niveau et s’est mis à la prière, il prone une sorte d’hygiène de vie, ce n’est pas un extrémiste mais je sens que quand je le blague sur la question, cela passe de plus en plus mal. »