Le Medef et Bercy, alliés de Bolsonaro et de sa politique raciste

Progressistes vous avez dit. Emmanuel Macron s’est montré très rassurant et a témoigné de sa totale bienveillance envers le chef autochtone Raoni. Peut-être celui-ci pourra-t-il obtenir sa carte de demandeur d’asile et son statut de réfugié politique sans passer par un de nos nombreux centres de détention dans lequel séjournent actuellement plus de 10000 migrants dont femmes et enfants. Mais business is business, le bois et les minerais que recèle l’Amazonie intéressent Bercy et nos braves patrons, nos premiers de cordées du Medef. Parmi les invités au ministère, le charmant Carlos Alberto Dos Santos Cruz (voir photo plus bas), militaire et accessoirement ministre. (…) Un homme sur lequel il faudra peut-être compter pour accéder aux richesses de l’Amazonie, étant donné qu’il faudra bien en chasser les autochtones qui y vivent, et les parquer quelque part, pour ceux et celles qui n’iront pas grossir l’effectif des prisons brésiliennes. D’ailleurs, la répression est un marché juteux, la France peut se prévaloir d’une expérience reconnue à travers le monde. Chaque samedi depuis novembre dernier, les hommes s’entraînent, expérimentent tactiques et stratégies, de nouveaux matériels et dispositifs hight tech sont testés. Sûr que des contrats juteux pourront être conclus, et ainsi participer au redressement économique de la France, et nous rapprocher des 3,2 % de déficit autorisé. Nous avons vu combien l’Égypte, où la pauvreté atteint des niveaux record, situation largement dégradée par à celle prévalant sous Moubarak, sait se servir des Rafales. Une nouvelle commande de 12 appareils aurait été passée en janvier dernier. La question : combien les brésiliens sont-ils prêts à dépenser pour acquérir quelques exemplaires de notre orgueil national, après notre Roquefort (dont on est sûr maintenant grâce au Ceuta qu’il sera vendu sans contrefaçon au Canada, ouf!).

AC

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NÉOLIBÉRALISME

Pour profiter des privatisations brésiliennes, le Medef et Bercy accueillent le gouvernement de Bolsonaro

PAR RACHEL KNAEBEL 21 MAI 2019, Bastamag

brésil, medef - Bolsonaro

D’un côté, Emmanuel Macron reçoit le chef autochtone Raoni et l’assure du soutien de la France pour préserver l’Amazonie. De l’autre, le ministère de l’Économie et des Finances et le grand patronat français accueillent une délégation de ministre, gouverneurs et gros industriels brésiliens pour discuter des « opportunités » économiques offertes par les privatisations et les projets industriels au Brésil et… en Amazonie.

Le 16 mai, Emmanuel Macron accueillait à l’Élysée quatre représentants de populations autochtones vivant en Amazonie, dont le célèbre chef Raoni. Ceux-ci ont entamé une tournée européenne pour lancer un cri d’alarme : l’écosystème amazonien est gravement menacé par les appétits de l’agrobusiness et des entreprises minières (lire notre article). « Emmanuel Macron assure le chef amazonien Raoni du soutien de la France »titre alors Le Monde à l’issue de la rencontre.

Cette assurance élyséenne est-elle sincère ? Ce 5 juin, le ministère de l’Économie et des Finances et le Medef vont accueillir un « Forum économique France-Brésil ». Des grands patrons brésiliens, des gouverneurs locaux et un représentant du gouvernement d’extrême droite du président Jair Bolsonaro – les premiers à attaquer les droits et les terres des populations autochtones – viennent y promouvoir les « opportunités » brésiliennes en matière de privatisations, de concessions ou de grands projets d’infrastructures.

Le ministre-secrétaire d’État en charge des partenariats et de l’investissement, Carlos Alberto Dos Santos Cruz, y représentera le gouvernement d’extrême droite. Il est l’un des huit militaires qui composent le gouvernement (sur 22 ministres). Sont aussi annoncés plusieurs gouverneurs d’États – ceux du Minais Gerais, du Rio Grande do Sul, du Mato Grosso – issus de différents partis de droite, et des représentants de fédérations patronales de l’industrie. Ils seront accueillis par la secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher.

L’Amazonie et ses populations attaquées de toute part

Ce forum économique existe depuis 2013. Mais le contexte a bien changé au Brésil. Le président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro a été élu en octobre 2018 avec le soutien de l’agrobusiness, promettant à ses opposants « l’exil ou la prison ». Depuis son investiture, il a libéralisé par décret le port d’armes, appelé les forces armées à célébrer le coup d’État militaire de 1964, et s’en est directement pris aux populations autochtones. Le pouvoir de démarquer et sanctuariser des terres à protéger dépend désormais du ministère de l’Agriculture, qui défend les intérêts de l’agrobusiness. Le gouvernement promeut aussi l’usage massif des pesticides : la mise sur le marché de plus de 150 nouveaux produits toxiques a été autorisée. Les attaques contre les populations autochtones, dans le nord amazonien, et dans les régions agricoles du Mato Grosso, se multiplient.

Brésil ministre militaire Carlos Dos Santos

Le ministre-secrétaire d’État brésilien en visite à Paris, Carlos Alberto Dos Santos Cruz. CC Monusco Photos

Bolsonaro et son gouvernement ont également lancé une vaste attaque contre le monde universitaire et l’éducation, disant vouloir mettre fin aux financements fédéraux pour les sciences sociales – sociologie et la philosophie –, suspendant les bourses d’études fédérales, coupant dans les crédits de fonctionnement des universités, accusées d’être des lieux de « dépravation ». En réaction, des centaines de milliers de personnes on défilé dans les villes brésiliennes le 15 mai. Des informations indiquent par ailleurs que Bolsonaro et sa famille, un de ses fils en particulier, sont proches de milices paramilitaires de Rio, soupçonnées d’être impliquées dans l’assassinat de la conseillère municipale de gauche Marielle Franco, tuée en mars 2018 (lire notre article). Un député fédéral du même parti (le Psol), Jean Wyllys, s’est vu obligé de renoncer à son mandat et de d’exiler en Europe, sa vie étant menacée« La liberté et la démocratie n’existent que si les forces armées le veulent », a d’ailleurs déclaré le nouveau président en mars

Aéroports, concessions minières, compagnies énergétique…Bolsonaro veut tout céder au privé

Cette situation ne semble pas émouvoir le patronat français*, qui lorgne plutôt sur les profitables « opportunités » de la politique ultra-libérale menée par l’extrême droite. « Le plan d’inspiration néolibérale du ministre de l’Économie, Paulo Guedes, a été accueilli favorablement par les milieux économiques, souligne le Medef dans son invitation au forum, qui se déroule dans les locaux du ministère des Finances. Paulo Guedes, fondateur d’une banque d’affaires, est en effet un fervent néolibéral, partisan de la privatisation à tout va. Une aubaine pour le Medef. Le groupement de patrons français prévoit d’échanger, avec les officiels brésiliens, « sur les évolutions économiques et sociales du Brésil ainsi que la stratégie du gouvernement brésilien concernant le nouvel agenda des privatisations/partenariats publics-privé/concessions ».



  • Pourquoi le patronat français devrait-il s’en émouvoir ? Il pourrait se poser des questions éthiques quant à la direction de ses investissements, non seulement ces entreprises soutiendraient de facto un gouvernement d’extrême droite, et mais il faudrait être naïf pour croire qu’avec ces privatisations à tout va circuleront des enveloppes à destination de qui on peut facilement le deviner. Et pour ce qui est des privatisations des biens publics, et dans des secteurs stratégiques, la France en a déjà pris le chemin : les autoroutes, la ligne de chemin de fer TGV Tours – Bordeaux à péage au bénéfice de Vinci (un Etat dans l’Etat), la privatisation du rail en général (contrairement à ce qui a été beaucoup affirmé, ce n’est pas une exigence de l’UE), la privatisation des barrages hydrauliques, des aéroports dont celui -oh combien stratégique car en situation de monopole – de Paris, etc… on peut parler du financement des écoles privées prévues par la réforme Blanquer, ou du risque que s’installe une santé à deux vitesses.