Les méthodes de l’extrême droite pour faire taire les journalistes
Par Marine Turchi
Des journalistes poursuivis en justice, menacés ou agressés, des médias interdits d’accès : même sous Marine Le Pen, le Front national, récemment rebaptisé “Rassemblement national”, n’a pas rompu avec certaines pratiques à l’égard de la presse. Couvrir ce parti et enquêter sur l’extrême droite reste difficile et singulier, malgré l’affichage d’un mouvement « dédiabolisé ».
Mediapart l’a encore expérimenté à l’occasion d’un procès en diffamation intenté par Axel Loustau, un proche de Marine Le Pen et conseiller régional RN (ex-FN), et remporté le 13 juin par notre journal après trois années de bataille judiciaire (lire notre article).
Lire aussi
- Face aux médias, le FN entre censure et tentative d’instrumentalisation Par Marine Turchi et Caroline Monnot
- Campagne de Marine Le Pen: le florissant business de cadres FN et de leurs familles Par Marine Turchi
- Le salut fasciste de l’argentier de Marine Le Pen Par Marine Turchi
- «Soirées nazies»: le témoignage qui accuse Par Marine Turchi
- La «GUD connection», l’équipe bis de Marine Le Pen Par Marine Turchi et Mathias Destal
- Axel Loustau, ancien du GUD, investi par le FN aux régionales Par Marine Turchi
- Philippe Péninque, l’éminence grise de Marine Le Pen Par Marine Turchi et Mathias Destal
- Dans les villes FN, les relations tumultueuses avec la presse locale Par Marine Turchi
- Le détail des violences du Front national contre les journalistes Par Marine Turchi
Certes, les choses ont un peu évolué. Entre 1990 et 1996, l’association Reporters sans frontières (RSF) avait répertorié quinze agressions contre des journalistes couvrant le FN, dont six ayant donné lieu à des arrêts de travail. En 1992, lors d’un rassemblement lepéniste au Bourget, plusieurs journalistes avaient été frappés et des autocollants avaient été distribués, sur lesquels on pouvait lire : « Quand tu rencontres un journaliste, gifle-le ! Si tu ne sais pas pourquoi, lui le sait. »
Pour autant, l’attitude du parti lepéniste à l’égard des médias est loin d’être normalisée. Sous la présidence de Marine Le Pen, une dizaine de journalistes ont été violentés lors d’événements frontistes, une situation inédite par rapport aux autres partis politiques français (lire notre liste non exhaustive et notre récit commun avec notre consœur du Monde).
Depuis 2012, le Rassemblement national interdit systématiquement l’entrée de ses événements publics à Mediapart et à l’émission « Quotidien ». D’autres sont ponctuellement refoulés, notamment la presse locale dans les villes gérées par le parti. Lors du meeting du 1er Mai de Marine Le Pen, à Villepinte en 2017, les médias n’avaient pas le droit de quitter le coin réservé à la presse, « sous peine de perdre leur accréditation », selon un confrère du Monde, quand d’autres ont été empêchés par le service d’ordre de parler à des militants dans les travées de la salle. Le soir du second tour, une dizaine de médias se sont vu refuser l’entrée de la soirée électorale de Marine Le Pen. Cette entrave à la liberté d’informer a été dénoncée par 34 rédactions dans un communiqué commun, le 28 avril 2017. De son côté, le Syndicat national des journalistes (SNJ) n’a de cesse de condamner les « violences du FN contre la presse » et son « tri » entre les médias autorisés ou non à suivre Marine Le Pen (ici, là, ou là).
Lorsqu’un incident survient, le parti d’extrême droite peine ou tarde à s’en émouvoir. Son réflexe naturel est d’en minimiser l’importance ou d’en rejeter la faute sur la presse. Un exemple parmi d’autres : au 1er Mai 2015 du Front national, deux équipes de télévision sont agressées par des militants, sous les insultes « sales journalistes de merde », « pédés de rouges », « journalistes collabos », « journalopes ». Quelques minutes plus tôt, l’eurodéputé Bruno Gollnisch avait lui-même tenté de saisir la perche de Canal+ et administré aux journalistes des coups de parapluie. Marine Le Pen, elle, parlera très vite de simples « bousculades » et dénoncera le « comportement antidéontologique », le « harcèlement » de certains journalistes.
La logique – binaire – du parti lepéniste passe essentiellement par la délégitimation des journalistes, accusés d’être des « militants », des « trotskistes », des « bolcheviks » ou des « organes de propagande anti-FN ». Marine Le Pen elle-même alimente volontiers cette mythologie militante, n’hésitant pas à cibler directement des journalistes, sur Twitter ou lors de ses interventions médiatiques.
D’autres vont plus loin, en collectant des informations sur les journaux ou leurs journalistes. C’est le cas de l’eurodéputé Jean-Luc Schaffhauser qui a payé sur fonds publics, en 2017, un rapport complotiste sur Mediapart, avec l’ambition d’enquêter sur notre journal, ses journalistes, ses sources supposées. « Il faut savoir que nous pouvons enquêter sur votre enquête et montrer qui vous paie ou paie Mediapart », nous avait mis en garde l’élu quelques mois plus tôt.
C’est aussi la pratique de l’Observatoire des journalistes et de l’information médiatique (OJIM), créé en 2012 par deux figures de l’extrême droite identitaire, qui ambitionne « d’informer sur ceux qui informent » et propose quelque 200 fiches sur des journalistes. On y trouve leurs supposées « formations », « parcours professionnels » voire « militants », leurs « nébuleuses », publications et déclarations, parfois leur salaire ou des éléments sur leur famille.
Le Rassemblement national a tout particulièrement du mal à accepter le travail d’enquête journalistique quand il en est l’objet. « Ennemis », « hitléro-trostkiste », « Gestapo », « sycophantes », « éboueurs de l’information », « staliniens » : en dix ans, Mediapart a essuyé bien des insultes à l’occasion de ses enquêtes sur le parti lepéniste. Mais la violence peut monter d’un cran lorsqu’on touche au sujet le plus sensible : l’argent. Habitué à dénoncer les « magouilles » des autres partis, le Front national ne tolère pas les enquêtes sur ses propres financements. Et notamment ceux d’un groupe gravitant dans le premier cercle de Marine Le Pen : la bande des anciens du Groupe union défense (GUD), que Mediapart a surnommée la « GUD connection ».
Au fil des années, ces militants reconvertis dans le business se sont infiltrés au cœur du réacteur des campagnes du RN (ex-FN). Aux manettes de la communication du parti, à la direction de Jeanne, le microparti de la candidate, à la tête des finances de sa campagne, les « gudards » sont partout. Ce qui vaut à plusieurs d’entre eux d’être mis en examen dans l’affaire des financements de campagne du RN. Enquêter sur Marine Le Pen et sa gestion de l’argent conduit donc inévitablement à croiser la route de ces personnages qui préfèrent officier dans l’ombre.
Le groupe n’aime pas voir les journalistes fouiller dans ses affaires et multiplie les menaces et intimidations à leur égard. Le père spirituel de ce réseau est Philippe Péninque, qui a dirigé le GUD dans les années 1970 avant de devenir avocat fiscaliste. Surnommé « Voldemort » par certains – « il est omniprésent, mais personne n’ose mentionner son nom » –, Péninque ne figure dans aucun organigramme officiel du parti, mais il est un intime de Marine Le Pen et son éminence grise (lire notre enquête). Lors de la soirée électorale de Marine Le Pen, à Hénin-Beaumont, le 23 avril 2017, il arpentait les couloirs, téléphone vissé à l’oreille.
Depuis ses années au GUD, le sexagénaire vit dans un monde binaire où s’opposent « le système » et « les résistants », qu’il pronostique rétablis en « héros » par l’Histoire à la faveur d’une arrivée de Marine Le Pen à l’Élysée. Interviewer ce conseiller officieux de la présidente du RN, c’est l’assurance d’une conversation mouvementée, où vraies informations, provocations et intimidations se mêlent. Comme lors de cet entretien de quatre heures trente qu’il nous a accordé durant la dernière campagne présidentielle, dans le cadre d’un livre d’enquête, et que nous avons enregistré avec son accord.
« [Le thé] que vous avez ingurgité là, eh bien, ça va vous rendre folle, nous avait-il lancé dans une tirade sur l’art de la manipulation. Vous allez sortir et vous allez vous faire écraser, parce que vous n’avez pas vu que je vous ai mis une petite pilule qui vient directement de Russie. Vous n’avez aucune idée, aucune idée… Vous êtes une enfant de deux ans et demi ! » Avant de poursuivre : « Vous savez pas ce que c’est les “services”, ma petite amie. Vous n’en avez aucune idée. J’ai demandé à mes amis : la prochaine vidéo qu’il y aura sur YouTube, c’est vous en train de me caresser la zézette, OK ? » Philippe Péninque ne manquera pas de nous préciser que le Front national est bien informé : « Vous savez, l’appareil d’État, maintenant, jusqu’au niveau commandant de police, commandant des services, commandant de la gendarmerie, c’est 97 % Front. Donc je pense qu’il y a des informations qui arrivent, on sait des choses avant le ministre. D’accord ? » « Je sais qui vous allez voir, je sais qui vous raconte, ainsi de suite, je sais tout », nous avait-il mis en garde en citant des noms.
« Vous avez compris ce qui va vous arriver, là ? »
Autre figure de cette « GUD connection », Frédéric Chatillon. Lui aussi un vieil ami de Marine Le Pen, et lui aussi un ancien président du groupuscule. Coordinateur technique de la propagande pendant la campagne présidentielle, ce grand amateur d’arts martiaux s’est notamment illustré en 2010 par un coup de poing retourné en public à l’ancien rédacteur en chef de Minute. Il aime aussi livrer des noms de journaliste en pâture sur sa page Facebook.
Son acolyte Axel Loustau, conseiller régional d’Île-de-France, trésorier du microparti de Marine Le Pen et ancien du GUD lui aussi, est coutumier des intimidations de journalistes, sur le terrain comme sur Twitter. En 2010, accompagné de Chatillon et d’autres anciens gudards, il administre crachats et menaces à deux journalistes du Monde, « pour leur blog de merde ». Nos confrères ont été pistés, photographiés, puis encerclés à l’écart du cortège. « Vous avez compris ce qui allait se passer ? Vous avez compris ce qui va vous arriver, là ?… », les a-t-il prévenus.
Trois ans plus tard, Axel Loustau est interpellé – sans suites judiciaires –, le casque vissé sur la tête, dans des affrontements avec les CRS et des violences contre les journalistes, en marge d’une manifestation contre le mariage pour tous. La scène, filmée, circule encore sur YouTube, ce qui n’a pas plu à l’intéressé : il s’est tourné vers la justice pour obtenir le retrait du clip, sans succès. Quelques jours plus tard, il assure la sécurité du carré presse dans le défilé du 1er Mai du FN…
En 2015, nouvel incident. En se rendant au siège des sociétés d’Axel Loustau, dans le XVIe arrondissement, deux journalistes de Mediapart, dont l’auteure de ces lignes, sont violemment pris à partie par un groupe mené par l’élu. « Je vais te tuer ! Je vais te retrouver ! Je vais t’attendre en bas de chez toi ! », hurle l’un d’eux, Olivier Duguet – le prédécesseur d’Axel Loustau au poste de trésorier de Jeanne. Bien connu des services de police, Duguet essayera encore de nous porter un coup au visage, avant que nous ne parvenions à nous réfugier dans une brasserie voisine. Une plainte sera déposée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) puis classée, les menaces devant être réitérées pour être caractérisées. Loin de faire profil bas, Axel Loustau estimera quelques jours plus tard, dans un SMS, que « le boulot » a été « fait ». Il attaquera aussi Edwy Plenel, le directeur de Mediapart, en diffamation mais sera débouté, à trois reprises, par la justice (lire nos billets ici, là, et là).
L’année suivante, nouvelles intimidations et nouvelle plainte. Cette fois, elles interviennent en marge d’une enquête où il est question d’Axel Loustau mais aussi de Logan Djian, jeune chef du GUD parisien. Nos questions nous ont valu des coups de fil malveillants et la réception de 140 SMS anonymes, souvent accompagnés de photos autour du thème de la musculation. L’expéditeur de ces messages aussi inquiétants que délirants n’était autre qu’un jeune homme proche de Djian. Identifié, il a été condamné en juin 2016 (lire notre billet).
Axel Loustau cultive un humour douteux à l’égard de la presse. La veille d’une manifestation que nous devions couvrir, l’ancien gudard s’est amusé à poster notre photo sur Twitter. Plus récemment, il a beaucoup ri, par mail, avec Alain Soral, qui donnait de faux rendez-vous à une journaliste de Rue89, à 21 heures dans un PMU de Saint-Denis : « Alors ? Tu as réussi le doublé ? », a-t-il demandé à l’essayiste antisémite qui venait de fixer un second rendez-vous avec notre consœur.
Mais le conseiller régional peut aussi se montrer vraiment intimidant avec des cadres et militants de son propre parti. Une ancienne collaboratrice du groupe RN au conseil régional d’Île-de-France a relaté au Monde avoir subi pressions, menaces et « harcèlement moral » de l’élu entre 2015 et 2016. « Sur tes parents, c’est pas des menaces, c’est une promesse », lui a-t-il par exemple écrit dans un SMS, jurant de leur faire « rencontrer la haine et la force ». Ou encore : « Tu crois que tu vas t’en sortir comme ça ? J’ai leur adresse. » Selon elle, il aurait même placé une cartouche de 9 mm dans son sac à main. Elle a déposé une main courante en mai 2016. L’intéressé a démenti, nié tout harcèlement et menacé Le Monde de plainte en diffamation en cas de publication. Antoine Chudzik, un ancien membre du FN, a quant à lui affirmé à Mediapart et au Monde avoir été menacé par le même Axel Loustau et s’être fait exclure du parti après s’être plaint auprès de sa direction.
Un autre membre clé de la bande a également tenté de dissuader des journalistes d’enquêter : Nicolas Crochet, vieil ami de Marine Le Pen et longtemps l’expert-comptable attitré du parti. C’était en mars 2015, lors d’un apéro organisé au siège du parti, au lendemain des élections départementales. Alors qu’un reporter de France 2 le filme, l’expert-comptable le saisit par la nuque et l’emmène plus loin : « Je te jure, tu me baises pas la gueule comme ça, d’accord ? » L’équipe de France 2 finit évacuée par la sécurité, au prétexte qu’elle aurait posé « des questions dérangeantes » à Nicolas Crochet. Grand ami des « gudards », l’homme est lui aussi mis en examen dans l’affaire du financement du RN.
Marine Le Pen peut clamer sur toutes les ondes que son parti se serait débarrassé de ses oripeaux d’extrême droite, ses hommes de confiance cultivent les vieilles pratiques. Loin de les condamner, elle les soutient mordicus. Il lui arrive même d’en sourire. « Faut éviter de traîner dans des endroits dangereux ! », a-t-elle lancé à nos confrères du Monde, après l’épisode de 2010. Manière de dire qu’ils avaient reçu une petite leçon. Même chose s’agissant de Mediapart et de l’incident de 2015. « Elle ne l’a pas volé ! », aurait lâché en interne la présidente du RN à notre sujet, d’après un témoin. Questionné sur RTL, elle avait défendu Axel Loustau et ironisé : « Quand on est sûrs d’avoir raison, on va déposer une plainte auprès du procureur de la République, on ne va pas au commissariat déposer une main courante ! » La patronne du RN a toujours balayé de la même manière les éléments portés à sa connaissance en interne s’agissant d’Axel Loustau. Aux uns elle explique que leurs propos sont « des insultes graves », aux autres elle rétorque qu’il s’agit d’une affaire relevant « de la vie privée ».
Marine Le Pen et son équipe savent aussi dissuader les médias d’enquêter par de nombreuses plaintes – ou menaces de plainte. La riposte judiciaire est une véritable marque de fabrique pour celle qui fut avocate. À de nombreuses reprises, son parti comme la bande du GUD nous ont adressé pour toute réponse des mises en demeure de leurs avocats, nous menaçant de plaintes en diffamation en cas de publication. « Mme Le Pen a bien lu toutes vos questions […]. Si publiées, ces diffamations seront systématiquement poursuivies en justice », nous a écrit le directeur de communication du parti, Alain Vizier, en réponse à nos questions pour un livre enquête.
Même avertissement de Philippe Péninque, qui nous a expliqué qu’il nous rencontrait pour mieux nous attaquer en diffamation ensuite… Dans un mail, le conseiller officieux de Marine Le Pen nous met en garde quant à la divulgation d’éléments « couverts par le secret bancaire ou le secret des affaires ». « Je serai très vigilant sur l’utilisation de telles informations, comptes bancaires, virements, opérations, montants », prévient-il.
Dans l’art de faire diversion, son vieil ami Frédéric Chatillon n’est pas en reste. Ce pilier de la machine frontiste a toujours préféré répondre à nos questions par la raillerie ou la provocation. Quelques exemples :
– 2013 : « Merci de ne plus m’importuner avec vos questions qui ressemblent à un interrogatoire de police alors que vous n’êtes qu’une simple journaliste », dit-il en qualifiant Mediapart d’« “ennemi” du FN ».
– 2015 : Lorsque nous l’interrogeons sur des flux financiers suspects, il fanfaronne : « Concernant les 200 000 euros en cash, ça correspond à une demande de M. Plenel pour arrêter de publier des articles à mon sujet. Je lui ai remis Gare du Nord à une date que je peux vous fournir si besoin (pour que l’article soit plus crédible). J’ai l’impression que ce n’était pas suffisant… Je suis prêt à faire une “petite” rallonge de 100 000 euros. Essayez de le raisonner ! »
– 2016 : Questionné pour cet article, il nous adresse une photo d’une bombe insecticide pour toute réponse.
– 2017 : Il publie notre mail de questions sur sa page Facebook, assorti d’une parodie. « Je ne résiste pas au plaisir de vous montrer le niveau sidérant de bêtise de la pseudo-journaliste de Mediapart », une « sous-flic », écrit-il. L’intégralité du texte sera repris par Égalité et Réconciliation, le site de son ami Alain Soral.
– 2018 : Questionné sur les comptes de campagne de Marine Le Pen, il répond : « Chère Marine, Notre amour est impossible. Mon cœur est déjà pris. Ton Fred », mots accompagnés d’une photo de cocktail devant la plage.
Au fil des années, non seulement Marine Le Pen a conservé le tandem Loustau-Chatillon dans son entourage, mais elle les a aussi promus. Et ce malgré leurs mises en examen dans les affaires de financement du parti, leur réputation sulfureuse, les accusations d’antisémitisme dont ils font l’objet, leurs comportements avec les journalistes.
Au sein du parti, tout le monde le sait : il faut composer avec les gudards, véritable équipe bis de la présidente. Ils sont « l’État profond », résumait l’année dernière un frontiste. « Ils restent le cœur du cœur de l’environnement de Marine, commentait aussi l’eurodéputé Aymeric Chauprade, ancien conseiller international de Marine Le Pen. Ils sont reçus régulièrement, de manière totalement informelle. Ils participent de cet environnement festif, qui est très important pour elle. »
Même parmi les vieux routiers de la droite nationale, beaucoup se questionnent : pourquoi évincer Jean-Marie Le Pen pour parfaire la « dédiabolisation » et, dans le même temps, s’entourer de ces personnages ? « Elle a viré son père notamment pour avoir dit que Pétain n’était pas un traître, et elle garde la bande ! », s’offusquait Jean-Pierre Reveau, trésorier du FN sous la présidence de Le Pen père.