Hors jeu
Offside
réalisé par Jafar Panahi
Scénario: Jafar Panahi, Shadmehr Rastin, Image: Mahmoud Kalari
Producteur(s): Jafar Panahi
Interprétation:
Sima Mobarak Shahi (première fille), Safar Samandar (soldat Azari), Shayesteh Irani (la fumeuse), M. Kheyrabadi (soldat Mashadi), Ida Sadeghi (la footballeuse), Golnaz Farmani (la fille au tchador), Mahnaz Zabahi (la femme soldat)…
Distributeur: Ad Vitam
- Durée: 1h28
« Plus léger et plus offensif »
Trois ans après son drame social Sang et or, l’Iranien Jafar Panahi adopte un registre à la fois plus léger et plus offensif. Ce n’est pas vraiment un paradoxe. Si Sang et or s’attachait à la destinée individuelle d’un anonyme et s’apparentait à un polar, Hors jeu, au ton moins sombre et s’attachant à un sujet plus populaire (la qualification de l’Iran à la Coupe du Monde de football) s’attaque aussi plus frontalement aux travers de la société iranienne.
Le film a l’habileté d’alléger, dès la scène inaugurale, le poids dramatique potentiellement envahissant de son contexte politique. Un père poursuit en taxi un bus transportant des supporters de foot se rendant à un match car il croit, à raison, que sa fille est à l’intérieur. Les femmes étant interdites d’accès aux gradins, la jeune fille s’est habillée, sans grande conviction, en garçon. Le suspense engendré par sa situation est d’ordre autant comique que dramatique, la caméra captant aussi bien la liesse populaire, génératrice d’absurde, que la quête de liberté de quelques individus. Le père fait s’arrêter le bus, cherche sa fille en vain tandis que son taxi le laisse en plan. Les supporters ont repéré l’intruse, mais sont plus pressés d’arriver à temps au match que de faire respecter la chariah… d’autant que ce cas est loin d’être isolé ! Fatalement, la jeune fille est démasquée à l’entrée, mais c’est presque cordialement qu’elle est emmenée vers un coin gardé du stade où d’autres contrevenantes rongent leur frein. Là encore, Panahi s’éloigne d’une représentation démonstrative et convenue de l’oppression, en refusant d’appuyer une opposition manichéenne entre le peuple et l’autorité. Jusqu’à la fin du film qui commence alors vraiment, la loi répressive sera laissée en arrière-plan, réduite à une force abstraite, tandis que se jouera la joute entre les supportrices avides de liberté et leurs gardiens soucieux de conserver leur statut. (…)
Lorsqu’à la fin le chef de la brigade des mœurs, représentant de l’ordre moral mentionné et redouté tout au long du film, vient embarquer tout ce monde, on croit un moment que le film va basculer dans le drame, que la parenthèse légère de cette journée va s’achever. Mais non : ce nœud dramatique n’entraîne que le prolongement et la conclusion de la démarche du cinéaste qui continue sans faillir de garder la menace à distance. Et Panahi achève son film sur une foule en liesse, manifestation patriotique, qui n’est pas ici synonyme d’extrémisme ou de repli sur soi, mais de délivrance et d’évasion. Si l’image de la foule est conforme à la réalité, on n’est pas très loin du rêve, celui de la victoire du mouvement populaire, uni vers la même ferveur sportive, sur le pouvoir répressif. Panahi ne franchit pas le pas, mais le cœur y est.
Source : Critikat. Com
Disponible en DVD vost, VOD, et à la médiathèque de Foix
Un film jouissif qui engendre une si forte sensation de liberté, de fraternité aussi, dans une société, pourtant si clivée par ses lois et codes sociaux. Quel est le degré de réalisme du film ? L’Iran est souvent dénoncé, à juste titre, pour son non-respect des droits de l’Homme, et particulièrement celui des femmes, mais à quand des films tels que « Hors Jeu » en provenance d’un pays de la Péninsule Arabique ?