Tentative d’intrusion au conseil régional : qui sont les groupuscules d’extrême droite en Occitanie ?
L’Action Française, qui a revendiqué la tentative d’intrusion au conseil régional à Toulouse, n’est pas le seul groupuscule d’extrême droite actif en Occitanie. Cette mouvance est composée de divers mouvements, concurrents plutôt que convergents. Voici lesquels.
France 3 Région Publié le 26/03/2021
On la croyait remisée dans les livres d’Histoire. Mais c’est bien l’Action Française qui a revendiqué la tentative d’intrusion menée ce jeudi 25 mars au conseil régional d’Occitanie. L’Action Française, c’est un groupe nationaliste, royaliste (plus précisément orléaniste) et antidreyfusard fondé à l’aube du XXème siècle et influencé par les écrits de Charles Maurras. Il revendique aujourd’hui 3.000 adhérents, « sans doute en réalité un peu moins » selon l’historien perpignanais Nicolas Lebourg, spécialiste de l’extrême droite.
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La section toulousaine, très présente sur les réseaux sociaux, a plusieurs fois fait parler d’elle ces dernières années : en 2019, en investissant le toit de l’usine Latécoère pour protester contre l’OPA d’un fonds d’investissement américain et en 2020, avec la mise en scène de la pendaison d’une effigie de Marianne sur le Pont Neuf à Toulouse. Car l’Action Française est, vous l’avez compris, anti-républicaine.
L’irruption au conseil régional, une opération de recrutement ?
Lors de leur irruption à l’Hôtel de Région, les militants ont déployé une banderole dénonçant l’islamo-gauchisme. Or, pour Nicolas Lebourg, « Charles Maurras avait plutôt de la sympathie pour la culture musulmane. Ce thème n’est pas historiquement au cœur des préoccupations habituelles de l’Action Française« . Mais le principe de réalité a rattrapé le mouvement :
La France est un pays républicain aujourd’hui. Leurs thèses maurrassiennes et royalistes ne portent plus. Donc, ils chassent sur les terres identitaires, celles de la Réaction au sens large qui est en train de gagner notre pays.
Nicolas Lebourg, Historien spécialiste de l’extrême droite.
L’historien analyse cette tentative d’intrusion comme un message envoyé aux sympathisants de Génération Identitaire, groupe récemment dissout : « En somme, l’Action Française dit « venez chez nous, notre maison est ouverte depuis 1899 et nous, on n’est pas prêts de se faire dissoudre« . L’opération viserait donc à recruter de nouveaux adhérents.
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Le groupe dissout Génération Identitaire très actif en Occitanie
Jusqu’à sa dissolution début mars 2021, Génération Identitaire avait un visage, très médiatique : celui de sa porte-parole, l’étudiante toulousaine Thaïs d’Escufon. En janvier de cette année, ce groupe anti-migrants avait barré la frontière franco-espagnole au col du Portillon, dans les Pyrénées, déployant même un drone pour surveiller la route. La justice s’est saisie de cette affaire.
Pour Nicolas Lebourg, le risque de dérive violente reste tout de même limité de par la sociologie des militants de Génération Identitaire, qui rejoint celle de l’Action Française :
L’Action Française, c’est le coup de poing tous les 10 ans. Ça finit en général très simplement : ce sont globalement des enfants de bonnes familles. Lorsqu’ils se font arrêter, ce n’est pas bon pour leur image, celle de leurs proches et ça peut rejaillir sur leur carrière future. A ce moment-là, il est temps pour eux de se ranger. Il n’y a pas de prise de risque forte avec cette sociologie politique-là. Il y a trop d’enjeux.
Nicolas Lebourg, Historien spécialiste de l’extrême droite
Concurrence plutôt que convergence
Ce n’est pas le cas de la Ligue du Midi, fédérée essentiellement autour de Montpellier et de son fondateur Richard Roudier. Le mouvement identitaire a multiplié les provocations et les actions violentes durant la dernière décennie.
Au printemps 2020, une journaliste a été prise à partie lors d’un rassemblement interdit. En 2013, le siège héraultais du Parti Socialiste a été dégradé. En 2017, Olivier Roudier, le fils de Richard Roudier, a été condamné pour le saccage des locaux d’une association d’aide aux migrants. Et en mai 2021 Martial Roudier, l’autre fils du créateur de la Ligue du Midi, comparaîtra pour les violences commises 3 ans auparavant contre les étudiants grévistes de la faculté de droit de Montpellier.
Les Brigandes ou la xénophobie en chansons
Et puis il y a les Brigandes : un groupe musical féminin masqué, porte drapeau d’une communauté très fermée organisée autour d’un leader charismatique, Joël Labruyère, et soupçonnée de dérives sectaires.
En Belgique, la justice instruit actuellement une plainte contre X pour assassinat depuis la mort d’une ancienne adepte. Installées durant plusieurs années à la Salvetat-sur-Agout (Hérault), les Brigandes auraient aujourd’hui déménagé près de Gérone, de l’autre côté de la frontière catalane. YouTube a fini par fermer la chaîne du groupe, dont les clips vidéo étaient truffés de saluts nazis et autres hommages à Jean-Marie Le Pen.
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La communauté » Les Brigandes » crée le malaise à La Salvetat sur Agout
Toulouse/Lyon/Marseille, triangle de l’activisme anti-musulman
Cette abondance de groupuscules d’extrême droite, l’historien perpignanais a tenté de l’analyser et de la cartographier dans son dernier ouvrage, « Violences politiques en France de 1986 à nos jours » (Presses de Sciences Po), co-écrit avec Isabelle Sommier et paru la semaine dernière.
En Occitanie, c’est la question de l’anti-Islam* qui domine ces dernières années. * Habitant moi-même Toulouse et un quartier cosmopolite, ce qui domine le quotidien de ses habitants, même chez les français visge pales- très certainement minoritaires ici -, ce n’est pas la question anti-islam qui domine, ce serait plutôt les conditions de vie auxquelles toutes et tous sont soumis, le Covid-19 n’ayant fait aggraver les choses et fermer un peu plus la porte des perceptives d’avenir (suite articles Séparatisme Républicain)telles que les publicités et les médias qui relaient à leur façon les mêmes codes de la réussite sociale, les définissent et les diffusent à longueur de journée, via les smartphones et leur marques références. Et le principal souci pour les gens de ce quartier parmi celles et ceux qui y sont attachés, réfléchissent et agissent pour leur avenir, est la continuité de l’État, et ses services qu’il est en devoir d’offrir. An nom d’un certain libéralisme – ce sont les petits trafiquants en tous genres qui sont le mieux adoptés à cette doctrine et savent en user bien mieux que certain-es de HEC – on a coupé les vivres ! ET quelle que soit la sensibilité politique affichée de l’exécutif municipal,et leurs efforts pour palier à ce manque, le trou laissé par l’État est si béant que les pouvoirs locaux ne peuvent que faire de l’urgence et du pansement ; comme du mercurochrome sur un membre atteint de gangrène ! Les commissariats de quartier ont disparu, avec leurs îlotiers, qui étaient les réceptacles des personnes les plus vulnérables du quartier (personnes âgées, RSA isolés, personnes en situation de handicap, etc …), les premières à subir les petites nuisances quotidiennes qui peuvent prendre des proportions insupportables dans un contexte de vie dégradée. Les travailleurs sociaux et les éducs spécialisé-es eux aussi ont dû déménager ; ils ne sont plus dans la rue, au contact, à la construction d’un projet commun à tous le quartier avec tous ces jeunes désœuvrés qui ne demandent que ça que de s’investir pour le bien commun afin de mettre à l’épreuve et en valeur les capacités à s’investir et à créer des formes nouvelles rendant la vie dans un quartier déshérité plus acceptable. Le séparatisme dont nous parlent certain-es politiques et autres agents importants de la vie économique et sociale, est d’abord une politique mise en œuvre par ceux-là même qui la dénoncent.
Il explique : « En Occitanie, c’est la question de l’anti-Islam qui domine ces dernières années, alors qu’en Alsace, par exemple, c’est l’antisémitisme qui agite l’extrême droite. Dans notre région, il y a beaucoup d’actes de violence et d’agitation islamophobes. Ici, le référentiel identitaire est obsédé par la théorie du grand remplacement. Culturellement, on sait que les femmes et les catégories sociales plus élevées et plus éduquées sont davantage sensibles à l’islamophobie qu’à l’antisémitisme. La bonne santé économique de Toulouse, ville étudiante, explique donc paradoxalement ce terreau« .
Géographiquement, cet activisme anti-musulman se concentre selon lui dans un triangle Toulouse/Lyon/Marseille. Mais pour Nicolas Lebourg, ces mouvements sont davantage concurrents que convergents.
* Habitant moi-même Toulouse et un quartier cosmopolite, ce qui domine le quotidien de ses habitants, même chez les français visge pales- très certainement minoritaires ici -, ce n’est pas la question anti-islam qui domine, ce serait plutôt les conditions de vie auxquelles toutes et tous sont soumis, le Covid-19 n’ayant fait aggraver les choses et fermer un peu plus la porte des perceptives d’avenir (la suite un-autre-monde-est-possible.over-blog.com/2021/03/separatisme-republicain.html)