Premier bilan syndical des gestions FN : « Le masque est tombé »

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Trois responsables nationaux CGT, FSU Solidaires ainsi que leurs homologues départementaux (AM)

Trois responsables nationaux CGT, FSU Solidaires ainsi que leurs homologues départementaux (AM)

Une centaine de syndicalistes dont certains venus de Moselle ont échangé leur vécu dans les municipalités gérées par l’extrême droite. Une étape pour décortiquer des pratiques à combattre.

 

Contrer l’ascension qu’ils estiment « résistible » du FN, c’est l’objectif de six organisations syndicales* qui ont initié il y a un an et demi un travail en commun. Hayange, Orange, Hénin-Beaumont, Beaucaire… 450 000 administrés sont désormais sous la coupe de majorités FN, Ligue du Sud et autres élus d’extrême droite.  Dont Béziers choisie pour ce premier tour de France parce qu’elle représente « la caricature de ce qu’on fait de pire », explique Pascal Dehay (CGT).

« Le FN tous les soirs dans mon salon »

48 heures après l’annonce du sordide décomptage des enfants dits musulmans dans les écoles de Béziers, la journée d’étude a été particulièrement suivie par la presse nationale. Moins cependant que Robert Ménard lui-même ou la saga de la famille Le Pen. « Tous les soirs, j’ai Le Pen, Ménard, Aliot ou Philippot dans mon salon », illustre Serge Ragazzacci (CGT).
Car malgré le million de syndicalistes que représentent les six organisations en question, leur présence médiatique est extrêmement faible. Être sur le terrain, contrer pied à pied le  » double langage » du FN, et mener de front la bataille des idées et les revendications, c’est le but de cette action unitaire nationale déclinée à Béziers et qui s’inscrit dans la durée. « Une de nos forces c’est qu’on parle d’une seule voix », souligne Stéphane Tassel (FSU).

« Amateurisme, clientélisme, copinage… »
A l’issue des ateliers de la matinée auxquels ont participé une centaine de syndicalistes venus surtout du Midi (Vaucluse, Var, Gard…) mais aussi de Moselle, l’affaire était entendue :  les similitudes sont nombreuses dans les pratiques des municipalités en question :   » Des mots clé ressortent comme l’amateurisme, le clientélisme et la mise en avant du mérite », rapporte Pascal Dehay qui insiste. « Le mérite, c’est être aux ordres, loyal, inféodé. Ce qui va avec, c’est la politique de la peur. »
La peur des employés municipaux particulièrement. Si la CGT constate des adhésions par exemple à la mairie de Hayange, dirigée par un FN, ancien cégétiste, en revanche « il y a moins de monde dans les réunions d’information syndicale », précise Pascal Dehay.
Dans la bouche des responsables syndicaux des mots reviennent aussi en boucle à propos des discours de l’extrême droite : imposture, escroquerie, illusion. « Le FN se dit le défenseur des petits, des sans grades », constate Frédéric Bodin (Solidaires). « Quand il est aux affaires, ses décisions ne vont jamais dans un sens favorable aux salariés, aux services à la populaire au vivre ensemble », poursuit Pascal Dehay. « Ses municipalités sont gérées comme l’est le FN grâce aux réseaux, à la famille et au copinage »… « plus qu’ailleurs », insiste-t-il. Il est vrai que les candidats présentés par le maire de Béziers aux dernières cantonales étaient pour beaucoup des parents de ses conseillers.

« La grande mystification »
« Faire rempart » dans l’intérêt des salariés, et « permettre les ripostes » est un des objectifs : « On a franchi un cap dans la montée de l’extrême droite, la simple dénonciation de ses côtés racistes ne suffit pas », commente Serge Ragazzacci.
« On ne la combat pas comme il y a 30 ans. Le terrain des valeurs ne suffit pas, il faut aller au contact, sur des réponses syndicales », confirme Stéphane Tassel qui se désole de la montée du FN dans les urnes : « Il y a urgence à réagir », insiste-t-il, contre « la grande mystification ».
Certains syndicalistes se font piéger en effet. Pas autant que ce que dit le FN qui annonçait l’élection sur ses listes aux Départementales de 200 responsables syndicaux quand, selon les syndicats, il n’y en a eu que 8, révèle Frédéric Bodin. Il n’empêche, les syndicats sans rejeter les salariés qui votent FN – « la ligne jaune étant de se présenter aux élections » – veut débattre avec eux, lever le voile qui recouvre sa politique.
D’autant, ajoute Eric Bachelart (FSU) qu’on « n’a pas vu le bout du bout ». Beaucoup de syndicalistes sont aussi militants associatifs et les coupes dans les subventions et mise à disposition de locaux sont nombreuses…. « Ces deux leviers sont utilisés pour obliger à l’allégeance des associations », constate le syndicaliste qui espère cependant que « les valeurs associatives qui fondent le vivre ensemble resteront prégnantes ». Il est difficile en effet de vivre sans subvention, sans local…
Après une grillade dans la cour de la Bourse du travail, le travail a repris afin de peaufiner l’état des lieux…
D’autres étapes seront programmées, la prochaine peut-être à Hayange.

ANNIE MENRAS

 *CGT, FSU, Solidaires, Unef, UNL, Fidl

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