Mobile raciste retenu à Beaune

Fusillade à Beaune : les deux auteurs présumés interpellés, le mobile raciste retenu

Sept jeunes avaient été blessés dans la nuit du 29 au 30 juillet dans cette commune de Côte-d’Or. Les deux hommes arrêtés ont été placés en garde à vue.

LE MONDE | 10.08.2018 à 22h59 • Mis à jour le 11.08.2018 à 16h22

Deux hommes, soupçonnés d’être à l’origine des tirs qui ont blessé sept jeunes dans la nuit du 29 au 30 juillet à Beaune (Côte-d’Or), ont été interpellés vendredi 10 août au soir dans les Bouches-du-Rhône. Tous deux ont été placés en garde à vue, a annoncé le parquet de Dijon dans un communiqué. Ils sont soupçonnés de « tentative d’assassinat, violences aggravées par (…)notamment la circonstance que les faits ont été commis en raison de l’appartenance à une soi-disant race, religion ou ethnie, réelle ou supposée, injures publiques à caractère racial, menaces de mort à caractère racial », a précisé le parquet.

Le premier suspect a été interpellé à 16 h 30 par la brigade de recherche et d’intervention (BRI) de Marseille dans la commune de Saint-Andiol (Bouches-du-Rhône). Le second homme, resté au volant de son véhicule, s’est échappé en fonçant sur les policiers, « blessant à la jambe un fonctionnaire de la BRI de Marseille ». Il a finalement été interpellé à son tour, dans la même commune, à 19 h 45. Il devra également répondre du chef de « tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de la force publique », poursuit le communiqué.

Sept jeunes blessés

Ces interpellations surviennent plus de deux semaines après les faits. Le 30 juillet vers 2 heures, une Renault Clio était tombé sur un groupe de jeunes dans le quartier populaire de Saint-Jacques, à Beaune. Très rapidement, la situation s’envenime entre les passagers de la voiture et les jeunes qui les accusent, selon les témoignages, d’être « sur leur territoire ». Une bombe lacrymogène est d’abord utilisée par les membres de la voiture, selon Le Parisien. Des insultes racistes sont également proférées.

« A 4 h 20, les deux auteurs revenaient à bord d’une Mercedes classe B (…) et faisaient feu avec une arme longue sur les personnes présentes », a indiqué le parquet. Les sept jeunes, âgés de 18 à environ 25 ans, ont été blessés, dont deux sérieusement, par les « gerbes de plombs de calibre 12 », sans toutefois que leurs jours n’aient été mis en danger. Selon les témoignages, des insultes racistes ont été proférées par les occupants du véhicule.

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« Jusqu’à une quarantaine de policiers et une vingtaine de gendarmes ont été mobilisés » pour retrouver les auteurs des tirs, a fait valoir le parquet, ajoutant que la localisaton des suspects « s’est avérée difficile, ceux-ci étant très mobiles sur le territoire national ».

L’exploitation des caméras de surveillance et des plaques d’immatriculation des différentes voitures utilisées par les suspects ont permis l’identification des deux hommes, puis leur interpellation. Les policiers de la police judiciaire de Dijon ont également utilisé les informations de la téléphonie, bien que les deux hommes en cavale, domicilés en Côte-d’or, avaient « pourtant pris le soin de couper leur téléphone ou changer de puce téléphonique », selon Le Parisien.

Soutien de SOS-Racisme

Environ cent cinquante personnes s’étaient rassemblées un peu plus tôt, vendredi, sur les lieux des tirs, en soutien aux victimes et à leurs familles, à l’appel notamment de SOS-Racisme, qui avait dénoncé une « sous-estimation systématique » par la justice « de la dimension raciste des agressions contre les personnes ».

Le parquet avait alors pour sa part indiqué à plusieurs reprises ne privilégier« aucune piste » entre « règlement de comptes »« acte de vengeance » ou « action à caractère raciste », avant de retenir les injures racistes proférées comme circonstance aggravante.

« Ici, tout le monde se connaît, on est comme une famille », avait déclaré Abdelhamid El Ghezali, le père de l’une des deux victimes les plus gravement touchées. Le rassemblement permet « à tous les voisins de se parler, pour rétablir la confiance, parce que les gens ont très peur ».