Migrants; sauvetage impossible?

Migrants : le sauvetage en mer rendu impossible ?

Le constat dressé par le haut-commissariat aux réfugiés des Nations Unies est terrible. La directrice générale adjointe de SOS Méditerranée, Fabienne Lassalle, tente de dresser un bilan.

Le nombre de migrants tentant de rejoindre l’Europe est en baisse, mais ils sont toujours aussi nombreux à perdre la vie, selon le haut-commissariat aux réfugiés. Un bilan « effrayant » pour la directrice générale adjointe de SOS Méditerranée. « Les moyens sont toujours insuffisants. Il y a peut-être une diminution du nombre de morts, mais la mortalité est plus importante »,dépeint Fabienne Lassalle.
Si le nombre de traversées et en baisse, elles sont plus mortelles, pourquoi ? 
« Il y a moins de moyens de sauvetage. On a vu une criminalisation des bateaux humanitaires depuis plus de 17 mois, un acharnement politique, administratif. L’Aquarius s’est vu retirer en moins de deux mois son pavillon… et un acharnement judiciaire », regrette Florence Lassalle.

Sauver des vies

L’Italie dit que l’Aquarius fait le jeu des passeurs, que répondre à cela ? « On secourt des personnes qui sont en train de mourir. Nous sommes juste porteurs de valeurs d’humanité, et le respect d’un droit qui est le droit maritime international où l’on doit porte assistance à personne en danger », dit-elle. Est-ce la fin pour le bateau ? « La fin de l’affrètement de l’Aquarius, c’est la décision de cesser de rester à quai, mais repartir au plus vite avec un nouveau navire. Nous en cherchons un nouveau, le plus approprié, pour repartir au plus vite », indique la directrice générale adjointe de SOS Méditerranée.

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L’égoïsme façon Macron ou manière Salvini et consœurs.

Le nombre de migrants tentant la traversée diminuerait. C’est l’objectif de l’Europe et de son dispositif Frontex. Par contre, la mortalité de celles et ceux qui tentent la traversée est en nette augmentation. Ce n’est pas le problème de l’Europe, et d’ailleurs on ne parle peu depuis que les bateaux des ONG ont été contraints de demeurer à quai par des procédures judiciaires iniques, ou encore, le refus de leur accorder un pavillon. Les déchets de toutes sortes trouvent cargos et pavillons, les armes aussi, en matière de pavillon de complaisance Chypre et le Panama sont en général peu regardant sur l’identité des affréteurs et propriétaires, et pas davantage sur ce qu’ils transportent. Mais là, il s’agit de transporter des gens, et en l’occurrence de les sauver, leur prêter assistance, même si notre Castaner national assimile cela à de la complicité avec les passeurs, ces pays font la fine bouche.

Pourquoi ces gens amassés sur les cotes libyennes nord africaines tentent-elles la traversée malgré le risque ? Déjà, s’ils ou elles ont fait le choix de se lancer dans un tel périple, subis de telles épreuves avant d’en arriver là, ce n’est pas pour faire demi-tour. Un retour qui pour beaucoup est synonyme d’un arrêt de mort, de tortures, ou de prison à réclusion. Ensuite, là où ils sont, près de la cote, avec devant leurs yeux, cette mer bleue et à l’horizon ce rêve ou ce mirage européen, ils ne prennent pas un congé, de petites vacances avant l’ultime étape. En Libye, ils sont bien souvent emprisonnés, et les goéliers les torturent, les violent, les volent, de temps en temps les nourrissent. L’Europe sait, Macron et son gouvernement avec Castaner en tête, savent. Mais ferment les yeux, et même mieux, attribuent des subventions aux tortionnaires. Pour qu’ils gardent ces indésirables, qu’importe le viol de jeunes filles ou de jeunes garçons et parmi eux des mineur-es. Qu’est-ce qui distingue l’Europe de Mattéo Salvini de la Ligue du Nord, du gouvernement d’extrême droite au pouvoir en Autriche, ou d’Orban, à celle que nous propose ces derniers, tenant d’ une ‘Europe libérale avec pour porte-voix auto-désigné le sieur Macron ? En quoi cette Europe-là serait-elle un rempart à l’extrême droite ? En matière d’immigration, le distingo est peut-être dans le cynisme. « Plus un migrant ne dormira dans la rue cet hiver ! » vous avez entendu ça quelque part n’est-ce pas ? Effectivement que ce soit à Calais, Paris, Toulouse, Marseille, les migrants qui tant bien que mal s’organisaient dans des bidons-ville insalubres, se sont vus expulsé-es, parfois avec une violence inouïe de la part de forces de l’ordre sensées représentées la triptyque républicaine : liberté, fraternité, égalité. Cette violence est indigne d’une démocratie. une raison de plus de manifester contre les violences policières et les dérives autoritaires de l’État samedi prochain le 13 avril.

Il y a peut-être moins de migrant-es à la rue, mais on les empêche d’entrer aux frontières, en laissant même des personnes nécessitant des soins en pleine montagne et dans la neige. Enfin rappelons qu’en France,d’après le dernier bulletin de la Cimade, plus de 10 000 personnes, hommes, femmes seules ou avec enfants, sont détenu-es dans des centres de rétention, privé-es de toute liberté, et dans des conditions iniques pour des personnes dans le seul tort est d’avoir voulu sauver leur vie et franchies la frontière d’un pays riche.

AC