Mediterranea, écrit et réalisé par Jonas Carpignano, Italie, 2015
avec Koudous Silhon, Alassane Sy, Pio Amato… (acteurs amateurs)
“Chaque jour des migrants tentent de traverser la Méditerranée pour gagner l’Italie. Chaque jour beaucoup en meurent. Le risque est connu de tous, et si tant d’hommes, de femmes et d’enfants tentent « leur chance », c’est qu’il est impossible de rester dans leur pays. Chaque jour les médias nous informent (…) nous ne faisons souvent pas grand-chose. Nous nous blindons (…)
Ce n’est pas aux raison du départ que Carpignano s’intéresse (…), il se concentre sur ce qui arrive à ceux qui sont passés(…).” Utopia, Toulouse
Dans une plantation d’oranges sur la commune de Rosarno où les migrants travaillent non déclarés
« Mediterranea a été tourné à Rosarno, en Calabre, lieu des premières émeutes d’immigrés en 2010. Jonas Carpignano décrit sa rencontre avec Koudous Seihon qui joue « presque son propre rôle », celui d’Ayiva, le personnage principal.
« C’était l’anniversaire des émeutes et je voulais faire mon casting dans la rue. Il y avait une grande marche organisée pour soutenir les immigrés et Koudous est apparu avec un mégaphone. Il était charismatique, commandait la marche, parlait cinq langues différentes et sortait du lot. Son énergie était captivante. Cette force lui a servi à l’écran. » Le Monde
Dans une plantation d’oranges sur la commune de Rosarno où ils travaillent sans papier
Dans le registre Cazeneuve – Hollande , pour ne pas parler des pires sur cette question , les migrants évoqués dans ce film n’auraient pas le droit à l’humanité mais plutôt au volet fermeté. Et oui, ils sont burkinabais ! Réfugiés climatiques et économiques. Ces réfugiés échouent dans une petite ville de Calabre où la population fait partie des plus pauvres d’Europe occidentale, même les italiens du nord en ont peur, et n’en veulent pas… Les voient certainement comme des migrants.
Le film évoque très rapidement l’épisode de la migration en tant que telle (traversée du désert, de la Méditerranée,…). Cependant, alors que les politiques parlent de frapper militairement les passeurs comme s’ils faisaient partie de la cause, il est à noter que, comme dans le film « Hope » de Boris Lojkine sorti au printemps, ces passeurs sont de bien piètres trafiquants – ce qui n’enlèvent rien à leur cynisme pour la plupart. Ici, nous avons des camionneurs qui mènent les migrants jusqu’en Algérie. De là, ils partent vers la Libye où un pêcheur qui n’a pas le rubis sur l’ongle vend son bateau de pêche. Un point commun à tous, des camionneurs, au pêcheur, et nombre de calabrais qui les voit débarqués : la misère ! Provoquée par qui ? Par quoi ?…
Outre le personnage principal, Koudous Silhon, excellent, il y a un petit trafiquant calabrais d’une dizaine d’années, clope toujours au bec, personnage truculent, qui magouille et fait son business avec les migrants comme il le ferait avec tout autre.
Un film qui traite l’immigration sans misérabilisme et avec justesse. Un film à voir. (à Utopia Toulouse ou Tournefeuille)
Alain