L’AfD, extrême droite, confirme aux élections régionales de dimanche

Merkel encaisse un vote sanction

Le Monde.fr avec AFP | 13.03.2016 à 18h23 • Mis à jour le 13.03.2016 à 19h43

Le co-président de l’AfD, Jörg Meuthen

 

Treize millions d’Allemands étaient appelés aux urnes, dimanche 13 mars, dans les Länders de Bade-Wurtemberg, de la Rhénanie-Palatinat, et de la Saxe-Anhalt. Ce scrutin régional constituait un test crucial pour la chancelière allemande, Angela Merkel, confrontée à un mouvement de défiance populaire qui se cristallise notamment autour de la question de l’accueil des réfugiés.

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Le parti de la chancelière, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), enregistre une défaite dans deux régions, selon les premiers sondages réalisés à la sortie des bureaux de vote. Les conservateurs sont battus en particulier dans leur fief historique du Bade-Wurtemberg, où ils obtiendraient 27,5 % des voix et sont devancés par les Verts (32,55 %). En 2011, une coalition formée par les Verts et les sociaux-démocrates du SPD l’avaient déjà emporté.

En Rhénanie-Palatinat, le Land de l’ancien chancelier Helmut Kohl, la dirigeante locale de la CDU, Julia Klöckner, souvent considérée comme pouvant succéder à Mme Merkel, s’est inclinée face au candidat social-démocrate. Le SPD a recueilli 37,5 % des voix et la CDU 33 %, selon le sondage ZDF.

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L’extrême droite marque des points

Enfin, en Saxe-Anhalt, dans l’ancienne Allemagne de l’Est, la CDU reste le premier parti avec 30,5 % des voix, mais le nouveau parti d’extrême droite, Alternative pour l’Allemagne (AfD), recueillerait 21,5 % des voix, selon les sondages. Le parti extrémiste dépasse même le SPD, qui fait partie, avec les conservateurs, de la « grande coalition » au pouvoir au niveau fédéral.

C’est la première fois que le parti eurosceptique, qui était déjà représenté dans cinq des seize parlements régionaux, arrive en deuxième position dans un Land.

Ce résultat très encourageant pour l’AfD est loin d’être une exception. Le parti enregistre une forte percée dans les deux autres scrutins ce dimanche, avec 11 % et 12,5 % des voix. Il ferait ainsi son entrée dans les trois parlements régionaux, selon les premiers résultats. Le co-président de l’AfD, Jörg Meuthen, a fait part de sa « joie » devant ces résultats, affirmant que sa jeune formation anti-immigration n’était « pas raciste et ne le sera jamais ».

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Ce sont donc les populistes, dont le parti a été fondé il y a seulement trois ans, qui apparaissent comme les grands vainqueurs du scrutin. Cette percée va aussi compliquer la tâche de la CDU, du SPD et des Verts pour bâtir des coalitions régionales stables.

Les sociaux démocrates ont connu en outre une rude soirée. S’ils arrachent la victoire en Rhénanie-Palatinat, le SPD est laminé dans les deux autres régions, avec entre 12 % et 13 % des voix seulement en Bade-Wurtemberg et Saxe-Anhalt. Ces résultats apparaissent comme un coup de semonce pour les deux grands partis qui dominent la vie politique du pays depuis soixante-dix ans.

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Vote sanction contre la CDU de Merkel sur fond de crise migratoire

Reuters le 13/03/2016 à 22:15

 * La CDU perd dans deux des trois Länder appelés à voter 
 * Le parti anti-immigrants AfD grand bénéficiaire du scrutin 
 * Le vote était vu comme un référendum sur sa politique 
migratoire 
 
 Déclarations, réactions, chiffres actualisés
    par Madeline Chambers et Tina Bellon 
    BERLIN, 13 mars (Reuters) - Les Allemands ont sanctionné 
l'Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière Angela 
Merkel dimanche lors d'élections dans trois Länder, rejetant sa 
politique d'accueil des réfugiés et se tournant massivement vers 
le parti anti-immigration Alternative pour l'Allemagne (AfD). 
    Les défaites de la CDU dans le Bade-Wurtemberg, où elle est 
devancée par les Verts, et en Rhénanie-Palatinat, où les 
sociaux-démocrates du SPD arrivent en tête, ont de quoi 
inquiéter la chancelière, qui a décidé l'an dernier de laisser 
plus d'un million de migrants entrer en Allemagne, suscitant des 
remous au sein même de sa formation. 
    "Ces résultats constituent une sérieuse réprimande pour 
Merkel et le vote de protestation le plus fort jamais observé à 
son égard", a estimé Holger Schmieding, analyste à la Berenberg 
Bank.  
    La chancelière, qui effectue son troisième mandat, n'en 
reste pas moins favorite à sa propre succession car aucun rival 
n'émerge au sein de son parti pour lui disputer le leadership 
avant les élections fédérales de l'an prochain.  
    "Ce vote va créer encore plus de remous au sein de la CDU et 
réduire les options du gouvernement sur les migrants et la 
Grèce, mais la position de Merkel n'est pas menacée", juge 
Carsten Nickel, de Teneo Intelligence, un cabinet d'analyse 
politique.  
    Face aux craintes des électeurs, la chancelière a déjà 
promis de réduire le flux des demandeurs d'asile vers 
l'Allemagne et tente d'obtenir l'aide de la Turquie. Le nombre 
des migrants entrant en Allemagne a déjà diminué depuis 
plusieurs semaines.  
     
    "L'ÉCHEC DES PARTIS DÉMOCRATIQUES" 
    La percée de l'AfD dans les trois Länder se traduira par 
l'entrée du parti anti-immigration au sein de trois nouvelles 
assemblées régionales sur les seize que compte le pays. L'AfD 
était déjà présente dans cinq assemblées. 
    En Saxe-Anhalt, dans l'ancienne Allemagne de l'Est, la CDU 
reste le premier parti avec 29,8% des suffrages mais l'AfD 
recueille 24,2% des voix et dépasse même les sociaux-démocrates, 
selon les projections de la chaîne de télévision ZDF.  
    C'est la première fois que l'AfD, qui a fait campagne avec 
des slogans tels que "Sécurité des frontières" ou "Stop au chaos 
de l'asile", arrive en deuxième position dans un Land. 
    "Nous avons des problèmes fondamentaux en Allemagne qui ont 
abouti à ce résultat", a déclaré Frauke Petry, la chef de l'AfD. 
    Le patron de la CDU pour le Land de Saxe-Anhalt, Reiner 
Haseloff, a pointé la responsabilité d'Angela Merkel dans le 
recul de son parti et le résultat de l'AfD.  
    "La question qui a porté l'AfD au sein des parlements dans 
toute l'Allemagne ne peut plus être ignorée au niveau fédéral. 
Nous avons besoin de solutions", a-t-il dit sur la chaîne ARD. 
    Charlotte Knobloch, ancienne présidente du Conseil central 
des juifs, a déploré un "déplacement massif vers la droite".  
    "Si les électeurs répondent à ce point à l'appel de 
populistes et d'extrémistes de droite, cela signe l'échec des 
partis démocratiques", a-t-elle déclaré.  
    Dans le Bade-Wurtemberg, un fief de la CDU pendant plus de 
cinquante ans tombé en 2011 sous le contrôle d'une coalition 
Verts-SPD, les "Grünen" arrivent en tête avec 30,3% des 
suffrages, toujours selon les projections de la ZDF, devant la 
CDU à 27,0% et l'AfD à 15,0%. Le SPD est à 12,7%.  
    En Rhénanie-Palatinat, le Land de l'ancien chancelier Helmut 
Kohl, la dirigeante locale de la CDU, Julia Klöckner, souvent 
considérée comme pouvant succéder à Merkel, s'est inclinée face 
à la social-démocrate Malu Dreyer.  
    Le SPD, qui fait partie avec les conservateurs de la "grande 
coalition" au pouvoir au niveau fédéral, a recueilli 36,2% des 
voix et la CDU 31,8%, seule bonne nouvelle pour des 
sociaux-démocrates laminés ailleurs. 
    La participation dans les trois Etats a été supérieure à 
celle de 2011 (+5,7% dans le Bade-Wurtemberg, +9,7% en 
Rhénanie-Palatinat et + 11,8% en Saxe-Anhalt). 
 
 (Avec Paul Carrel; Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse pour le 
service français) 

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