Juger Pétain

Juger Pétain

Grâce à un procédé de modélisation sonore associé aux minutes officielles, un retour saisissant sur le procès du maréchal Pétain, qui se tint entre les mois de juillet et août 1945.

Pour voir le documentaire (sur France 5 replay ou la plate-forme Salto) : https://www.france.tv/france-5/juger-petain/

Ou sur le site de l’INA (procès de Pétain suivi de celui de Laval) : https://madelen.ina.fr/serie-documentaire/juger-petain

 

Le peuple « Le peuple français m’a confié le pouvoir, c’est à lui que je suis venu rendre des comptes » – Juillet 1945, le procès historique du Maréchal Pétain s’ouvre sur ces mots. Des caméras muettes filment l’événement. 70 ans plus tard, une prouesse technique reconstitue les voix originales et permet d’unir les gestes à la parole exacte des témoins.

Ce film de 4 x 52′ réalisé par Phillipe Saada reconstitue le procès hors-norme du Maréchal Pétain si central dans la mémoire nationale et revisite trente ans d’histoire de France de 1914 à 1945. 

 

Du procès Pétain subsiste deux sources d’archives passionnantes et magnifiques. Les images muettes, tournées dans l’enceinte de la très somptueuse Haute cour de Justice de Paris. entièrement colorisée pour le film et les 2500 pages des minutes du procès publiées au Journal officiel qui reproduisent l’intégralité des propos tenus pendant les trois semaines de son déroulement. Jusqu’à aujourd’hui ces deux archives ont vécus une existence autonome qui donnait l’impression d’une existence inachevée.

 

Dans Juger Pétain, un procédé de modélisation sonore a permis de reconstituer les voix et les intonations de plusieurs personnages principaux, Pétain, Laval, Blum, Reynaud et Daladier et a permis de conjuguer ces deux sources d’archives. Une prouesse technique développée par l’Ircam qui reflète toute l’expression du procès.

 

En s’appuyant sur les minutes officielles du procès et le florilège des articles que lui consacrèrent les plus belles plumes de l’époque (Camus, Mauriac, Kessel…), le film Juger Pétain reconstitue en 4 actes le procès.

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« Le peuple français m’a confié le pouvoir (…) » Après moult pressions de couloir, les ministres favorables à la fin des combats s’imposent, poussent Paul Reynaud, président du conseil, à la démission. Avec leurs soutiens, Pétain prend la tête du gouvernement. Il est vrai que les armées françaises sont sur tous les fronts en très mauvaise posture. La hiérarchie militaire est complètement désorganisée, seules résistent les armées qui dans les Alpes font face aux troupes de Mussolini. L’exode massif des populations du nord de la France ajoute au climat le sentiment de débâcle générale.

Pourtant Reynaud avait souhaité respecter l’accord avec les britannique stipulant que la France ne signerait pas de cessez-le-feu ou de traité de paix séparé. Finalement, il était favorable ce que soit signé un cessez-le-feu militaire alors que le gouvernement se serait replié sur les colonies d’Afrique du Nord pour continuer la lutte. De Gaulle avait imaginé de faire de la Bretagne un bastion de résistance qui aurait mobilisé de gros effectifs allemands, projet avalisé par Churchill, et à demi-mots par Raynaud. Lâché par la plupart de ses ministres, Reynaud est contrait à la démission, et des ministres et une vingtaine de députés (dont P. Mendès France et Jean Zay) qui avaient embarqué à bord du Massilia à Marseilles pour l’Afrique du Nord sont arrêtés (et la plupart emprisonnés) sur ordre de Pétain à Casablanca. Ils seront jugés et condamnés pour « désertion » par un tribunal aux ordres du régime de Vichy qui bafouant les règles démocratiques s’est mis en place dès les premiers jours de juillet 40.

Le peuple français n’a pas confié le pouvoir à Pétain. Même si on ne peut pas parler d’un coup d’état, en juin 40 les ministres favorables à la fin des combats et à la collaboration avec l’Allemagne victorieuse, il s’agit pour le moins d’un coup de force qui s’est appuyé sur la confusion générale et le défaitisme d’une élite militaire et politique. Défaitisme palpable dès avril 40. En appelant Pétain et Maxime Weygand (73 ans) – un autre héros de 14-18 – , dans la formation d’un nouveau gouvernement, Paul Reynaud pensait impulser une nouvelle dynamique dans la conduite de la guerre, c’est tout le contraire qui se produisit.

Ac