Élections régionales : Jean-Paul Garraud, ambassadeur de la dédiabolisation de l’extrême droite en Occitanie
Donné en tête dans les sondages, l’ancien magistrat, issu des rangs de la droite et soutenu par le Rassemblement national, mène une campagne sur ses thèmes de prédilection : la justice et l’immigration.
Par Philippe Gagnebet(Toulouse, correspondant)
Publié le 15 juin 2021 à 18h21 – Mis à jour le 15 juin 2021, Temps de Lecture 3 min.
Le candidat du Rassemblement national (RN) aux élections régionales en Occitanie, Jean-Paul Garraud, à Nîmes, le 20 mai. ARNOLD JEROCKI / DIVERGENCE POUR » LE MONDE »
En Occitanie, le canal du Midi, c’est un peu le trait d’union aquatique qui relie les deux anciennes régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Celle qui vote à gauche et celle qui penche à droite, tout le long du littoral méditerranéen. C’est sur les berges de ce canal que Jean-Paul Garraud, le candidat soutenu par le Rassemblement national (RN), poursuit une campagne qui, pour le moment, le place en tête d’un sondage Ipsos avec un score de 33 % des voix au premier tour. Il devance, dans les intentions de vote, la présidente sortante socialiste Carole Delga (30 %) et relègue loin derrière les listes Les Républicains et La République en marche, toutes deux à 11 %.
Où sont les listes de gauche? Parler d’elles au pluriel en dit long, sur la stratégie choisie au sommet des écuries, et leur impact sur les politiques et débats futurs; ces pontes parisiennes laissent des électeurs de gauche qui souffrent déjà avec la dégradation du marché de l’emploi, la précarité qui y a été sciemment organisée, afin que le salarié soit flexible et réponde sans broncher aux exigences patronales, ces électeurs issus des couches populaires qui sont les premiers à subir la dégradation des services publics, c’est criant en zone rurale, très alarmant en zone urbaine, dite périphérique des quartiers. Renouveler se carte grise est un parcours du combattant. Pour constituer le dossier, des justificatifs sont à joindre sous format pdf ou autre. Tout le monde n’a pas internet, tout le monde n’a pas une imprimante permettant de scanner les documents et pièces demandés. L’Etat a prévu ce état de figure, l’Etat français a le don de tout prévoir, nous avons Macron pour président ,et les meilleurs écoles, des fonctionnaires intègres au service de l’usager. Première étape, la Maison de Quartier de Rangueil, personnelles (exclusivement féminins) raisonnablement aimables, quelques sourires même, des marques de compassion. Ici, ils font dans le culturel, pour les docs cartes grises à scanner, se rendre à la Mairie de Quartier. A la mairie, ils ne font pas non plus, se rendre à la Maison de la citoyenneté. Laquelle avait un poste abandonné l’usage des administré-es peu ou pas équipé-es, depuis avec le Covid-19, le poste a été supprimé… De toutes faons, ces administré-es , souvent d’origine étrangère, avec une couleur de peau qui ne correspond as au standards attendus ne votent pas, ou peu. Accompagné du « Procès » de Kafka, c’est une croisière dans le Château qui nous est offert. Hélas, l’échéance pour faire le changement dans les temps sans devoir payer une pénalité. Bénéficiaire du RSA, d’un minimum vieillesse ou d’une AHH, c’est le régime de la double peine. Celle des efforts fournis à se balader d’un service à un autre, et celle du surcoût financier. En plus de la pénalité à laquelle l’usager s’expose, il aura dû faire appel à un service payant dans une maison de la presse. Ici ,l’anecdote, une fois l’épreuve sur le terrain passé, demeure sans gravité, et même amusante pour qui sait la raconter comme Coluche savait le faire dans les années quatre vingt bine lointaines. Le néolibéralisme est depuis la religion officielle, et de gouvernements en assemblée chambre d’enregistrement, de président de droite sans étiquette à un président de gauche ou du centre (quand le Centre est à droite, à droite modérée), le néolibéralisme impose ses lois. Les impératifs du marché supplantent la démocratie et les biens communs. Et d’une manière ou d’une autre, les hérétiques, celles et ceux qui ne se plient pas aux règles édictées, ou n’ont pas les moyens – qu’ils soient matériels ou intellectuels par faute d’accès à l’instruction et à l’information en général -, ceux-là, majorité silencieuse, si on excepte l’épisode douloureux pour eux des révoltes dits des Gilets Jaunes, finissent en marge du système, à la rue, dans un hôtel minable sans commodités. Un grand nombre est destiné à la prison. Pour des séjours à durée variable. Dans les temps qui courent, vaut mieux être un fervent catholique…. Près de soixante mille français ou françaises sont aujourd’hui en prison, demain il y en aura davantage, c’est promis! On construit plus de places de prison que de logements sociaux. La prison n’est-elle pas un logement social, c’est du social directif, impératif, et une expérience anale subie pour beaucoup de jeunes gens. Et chassons une idée fausse: la télé n’est pas gratuite en prison! Et avoir la la télé en prison, c’est se mettre le cerveau dans une prison au sein d’une cellule.
Pourquoi voteraient-ils? Qu’ont-ils à attendre de représentants politiques qui ne sont pas les leurs!? Combien de fils d’ouvriers ou d’employé-es à l’Assemblée nationale? Des sièges dans les conseils régionaux ou départementaux? Les postes sont aux amis d’abord, aux membres de la famille, quelques uns seront peut-être distribués en marge en rôle de faire valoir, comme l’arabe ou le noir africain sur une liste RN.
Pourquoi voteraient-ils sachant que c’est la même recette qui sera appliquée et que ce n’est pas à eux que seront servis les plats de la bonne cuisine? Pendant que des uns, un tout petit nombre, s’enrichissent avec des chiffres qui dépassent l’entendement et le sens commun – il y en a qui peuvent dépenser 28 millions un vol de trois minutes dans l’espace! Cet argent a coûté combien de vies humaines, a broyé combien de destin? Un très petit nombre se gavent, ne sachant plus où garer limousine ou accrocher tableaux et exposer vestiges de Palmire. Eux, la grande majorité, quand ils ne s’appauvrissent pas, ils voient leurs conditions de vie se dégrader, la précarité rogner tous les secteurs de leur existence: santé, service public de base, mobilité, alimentation, éducation, logement (un couple de sexagénaire qui n’étaient pas à jour de ses loyers s’est retrouvé SDF dans le Tarn il y a deux jours. En ce moment, il fait beau et sous les ponts des échangeurs du périphériques toulousains, on pourra leur faire une place, la Croix Rouge fournira la toile de tente).
Et pour qui voteraient-ils? A gauche? Pour des motifs obscurs, les différents courants, mouvements ou partis, ont choisi de se présenter en ordre dispersé… si bien qu’ils en sont invisibles. Des cadres de ces orgas pensent plus loin, une union réalisée aujourd’hui aurait pu noyer leur nom, les faire sortir du jeu politique pour un moment. C’est un risque qu’ils n’ont pas voulu courir. Et si le RN en faisait son affaire… Ceux-là, à la tête des orgas de gauche, par qui auraient pu naître un début d’espoir, d’aménagements et de souplesse dans l’application des lois néolibérales (développement d’emplois associatifs, cantine gratuite sou condition de ressources, des Maisons de quartier ou de la Citoyenneté avec du contenu où les administré-es auraient pu être acteurs, actrices, participer de la décision.
Et bien non! Ils vont concourir, se féliciter des résultats obtenus, ils auront assurés la marmite.
Mais ces gens, exclus du jeu politique, pourraient avoir envie de tout foutre en l’air! Sous forme de manifestations Gilets Jaunes qui au fil du temps s’organisaient et avaient émis des propositions sociétales ou démocratiques intéressantes, la démarche peut constituer une nouvelle opportunité d’avenir, où les jeunes ne seraient pas avant tout des fauteurs de troubles, mais des énergies et des acteurs du changement nécessaire au regard de l’évolution climatique et environnementale et sociale.
Tout foutre en l’air! Il y a un parti qui aime bien cet air, et dont le capitalisme s’accommode parfaitement.
Que les leaders des partis ou mouvements de gauche, que ces forces de progrès y pensent et mesurent leur pleine responsabilité d’ici les prochaines présidentielles….
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« L’étau se desserre, et à mon avis nous sommes plus proches des 35 % », commente ce magistrat de 65 ans, ancien député de Gironde, puis député européen depuis 2019 sous les couleurs du RN. Courtisé dès 2015 par Marine Le Pen, il a fondé le mouvement de La Droite populaire, aux côtés de Thierry Mariani, avant de devenir le « monsieur justice » du parti d’extrême droite.
« Je suis un populiste et je suis fier de le dire », affirme Jean-Paul Garraud. Proche de Louis Aliot et soutenu par Robert Ménard, les maires de Perpignan (Pyrénées-Orientales) et de Béziers (Hérault), l’ancien juge d’instruction à Toulouse de 1985 à 1992 mène une campagne active. « La région est gagnable », répète-t-il. La marche sera haute. En premier lieu pour dépasser le score de Louis Aliot, arrivé en tête au premier tour en 2015, avec 31,8 %, mais qui n’avait bénéficié d’aucun réservoir de voix pour le second. « Notre objectif, c’est évidemment de faire mieux, puis de convaincre les électeurs Les Républicains [LR] de nous rejoindre, ce dont je ne doute pas », lance M. Garraud.
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Face à ce « siphonnage », le candidat LR désigné, Aurélien Pradié, attaque frontalement son adversaire : « Une imposture politique, un homme méprisant qui perd vite son sang-froid, un magistrat qui ne connaît rien aux problèmes de fond. » Les deux hommes se détestent ; ils ont failli en venir aux mains à l’issue d’un débat télévisé.
« Un bouclier de sécurité »
S’appuyant sur les thèmes habituels du Rassemblement national – « même si je ne suis pas encarté et que le parti ne donne pas un sou pour ma campagne », précise celui que certains voient comme le futur ministre de la justice en cas de victoire du RN en 2022 –, M. Garraud multiplie les interventions sur les questions migratoires et l’insécurité, « le chaos en cours dans nos villes et campagnes ». Il souhaite créer une « vice-présidence à la sécurité et aux victimes pour un bouclier de sécurité », « renforcer la vidéosurveillance dans les villes et les TER » ou encore « obliger les associations à signer une charte d’intérêt régional pour obtenir des subventions ; elles devront s’engager à ne pas aider les migrants ».
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Régulièrement invité sur les plateaux de la chaîne CNews, le candidat oriente depuis peu sa campagne vers les thèmes économiques et environnementaux. Opposé aux éoliennes off-shore, il souhaiterait, par ailleurs, « mettre en place un moratoire contre les éoliennes terrestres, qui défigurent nos paysages ». Sur le terrain de la relance, « contrairement au clientélisme et au saupoudrage de la gauche, je veux que la région devienne maître d’ouvrage sur de grands travaux ». Par exemple, pour la relance du transport par fret sur le canal du Midi, abandonné depuis plus de trente ans.
Sur les plus gros budgets et compétences régionales, la formation et les lycées, le programme du candidat ne fait que peu de propositions. Jean-Paul Garraud s’attache surtout à « rompre le cordon sanitaire excluant les électeurs de Marine Le Pen, et pour cette raison, je suis également en campagne en vue de l’élection présidentielle ». Se disant nostalgique de l’époque de « François Fillon, des Sarkozy ou Gloasguen », l’ancien magistrat défend en même temps la présence sur sa liste d’un ancien membre de Génération identitaire, Romain Carrière, « un jeune épatant », selon lui. « Aucune des actions de Génération identitaire n’a été condamnée par la justice », conclut-il. Une allusion à la condamnation en 2019 de Carole Delga pour « discrimination fondée sur des opinions politiques », contre le maire (RN) de Beaucaire, dans le Gard, Julien Sanchez.
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Philippe Gagnebet(Toulouse, correspondant)
La Dépêche
Le premier tour des élections régionales et départementales a lieu ce dimanche 20 juin. Le scrutin ne passionne pas les électeurs puisque la participation pourrait être très faible selon plusieurs sondages.
L’abstention sera-t-elle le grand vainqueur du premier tour des élections régionales dimanche 20 juin ? Il semble que oui selon plusieurs sondages nationaux publiés ces derniers jours.
Le baromètre RegioTrack Opinion way pour Les Echos table sur 62 % d’abstention au premier tour des élections régionales dimanche. Ce serait un record pour une élection sous la Ve République. Le sondage Ifop-Fiducial, publié vendredi, prévoit 60 % d’abstention. Selon un sondage Elabe pour BFMTV, réalisé les 15 et 16 juin, l’abstention pourrait être comprise entre 59 et 64 %.