1 prof d’extrême Droite jugée pour incitation à la haine

Pancarte antisémite à Metz : une militante d’extrême droite sera jugée pour « provocation publique à la haine raciale »

Cassandre Fristot, membre du groupuscule Le Parti de la France, a été renvoyée, le 8 septembre, devant le tribunal pour « provocation publique à la haine raciale ». Professeure d’allemand remplaçante, elle est suspendue de ses fonctions.

Par , Le  MondeCassandre Fristot, à Hombourg-Haut

Cassandre Fristot, alors candidate aux élections municipales et soutenue par le groupuscule Le Parti de la France, à Hombourg-Haut (Moselle), le 19 novembre 2019. EMILIE PERROT / LE REPUBLICAIN LORRAIN/MAXPPP

Sa pancarte brandie dans les rues de Metz, le samedi 7 août, lors d’une manifestation d’opposants au passe sanitaire avait provoqué une vive émotion : Cassandre Fristot, militante d’extrême droite et enseignante, a été renvoyée, le 8 septembre, devant le tribunal pour « provocation publique à la haine raciale », a confirmé, mardi, au Monde le parquet de Metz. Son interpellation, dans la matinée de lundi à Hombourg-Haut (Moselle), avait été annoncée sur Twitter par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, qui dénonçait plus tôt, par le même canal, une pancarte « abjecte », en rappelant que « l’antisémitisme est un délit, en aucun cas une opinion ». Le parquet de Metz avait ouvert, dimanche, une enquête de flagrance sur cette « pancarte au message manifestement antisémite ». Le domicile de Mme Fristot a été perquisitionné lundi. « La police regarde si l’on trouve dans son logement de quoi expliquer ou conforter la présomption d’antisémitisme », a précisé la préfecture à l’AFP.

Le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a également réagi sur Twitter dans la journée de lundi, précisant que cette militante était enseignante et qu’elle serait « suspendue en attendant les suites disciplinaires ». Joint par Le Monde, le rectorat de Nancy-Metz a confirmé que Cassandre Fristot était professeure remplaçante d’allemand dans l’enseignement public et qu’elle serait, indépendamment de l’enquête judiciaire, présentée à un conseil de discipline de l’éducation nationale en vue d’une sanction.

La photographie de la manifestante, diffusée sur les réseaux sociaux, a provoqué au cours du week-end de nombreuses réactions d’anonymes, d’associations antiracistes et de responsables politiques. On peut y lire le nom de diverses personnalités du monde des affaires, de politiques et d’intellectuels, associés à la question « Qui ? ». Une allusion à peine voilée à une théorie complotiste antisémite qui accuse les juifs d’être responsables de la pandémie de Covid-19.

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Candidate du FN

Le nom de Cassandre Fristot a rapidement été révélé sur les réseaux sociaux. Cette militante d’extrême droite est membre d’un groupuscule radical, le Parti de la France, une formation montée en 2009 par Carl Lang et composée de déçus du Front national (FN). Son président actuel, Thomas Joly, a soutenu la militante sur Twitter« injustement accusée d’antisémitisme par des tarés gauchistes en mal de sensations fortes ».

La jeune femme, ancienne élue municipale d’opposition à Hombourg-Haut entre 2014 et 2020, a été candidate du FN aux législatives de 2012 pour la 4circonscription de la Moselle, où elle avait obtenu 24 % des voix. Elle a également été, pendant quelques mois, chef du cabinet de Louis Aliot, entre novembre 2012 et début 2013, à l’époque où il était numéro 2 du FN. Dans des entretiens donnés depuis, elle affirmait avoir été « exclue » du parti de Marine Le Pen et dénonçait des « méthodes totalitaires ». Louis Aliot a réagi à la publication de la photo dimanche soir dans le journal L’Indépendant : « Elle a été mon assistante pendant deux mois, rapporte-t-il. (…) C’était une fille présentée par l’équipe de Philippot dans l’Est. »

Florian Philippot dément avoir recommandé cette militante. « Je ne la connais pas personnellement, et je suis d’ailleurs arrivé en Moselle bien après elle », précise-t-il, en rappelant les propos peu amènes de Cassandre Fristot à son endroit, lors de sa campagne pour les municipales de 2014 à Forbach. A l’époque, la militante, désormais en rupture avec le Rassemblement national, était elle-même en campagne dans sa ville de Hombourg-Haut et multipliait les reproches envers les cadres de son ancien parti.

Les associations antiracistes ont réagi à cette polémique en annonçant des poursuites. La Licra a signalé son intention de porter plainte et SOS Racisme a dit « étudier » la possibilité de poursuites judiciaires. Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Francis Kalifat, a déclaré sur Twitter avoir demandé à l’avocat de l’organisation de déposer plainte au nom du CRIF.

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Publié le 10 août 2021